Près de 4000 Belges se sont offerts une résidence secondaire en Espagne en 2017

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Le temps où il était possible de s’offrir une seconde résidence en Espagne pour une bouchée de pain est bien révolu. Le marché immobilier a repris de la vigueur dans les grandes villes et les zones touristiques. Mais la côté ibérique séduit toujours autant. Une chose est sûre : celui qui est prêt à investir en aura pour son argent.

L’excitation est palpable. Eric et Catherine reviennent à l’instant de chez Ikea avec leurs achats et attendent leurs installations de jardin que l’enseigne Leroy Merlin doit leur livrer incessamment. Le couple de Belges vient de prendre possession de sa seconde résidence : une villa quatre façades avec piscine, offrant deux chambres, deux salles de bain, et – last but not least – un solarium à l’étage.

La prise en occupation est toute fraîche. ” Nous n’y avons même pas encore passé une nuit, confie Eric, enjoué. Vous découvrez l’endroit quasiment en même temps que nous. ” Quasiment… car si leur bâtisse fait partie d’un îlot d’habitations vendues sur plan, Eric et Catherine en ont bien foulé le sol avant de l’acheter. Le couple de jeunes quinquas a mis la main sur une show house, une maison témoin entièrement meublée, située à San Miguel de Salinas, sur la Costa Blanca. ” Tout y est tel que présenté lors des visites “, s’enthousiasme Catherine. Les meubles, la literie, la décoration, jusqu’aux fleurs artificielles posées sur les tables et consoles qui habillent la villa. Le coût de cette habitation entièrement meublée : 345.000 euros, auxquels se sont ajoutés 10 % de TVA et 3 % de frais de notaire, droits d’inscription et autres.

San Miguel de Salinas. Un couple de Belges, désireux de s'installer sur la Costa Blanca, a acquis cette villa, entièrement meublée et décorée, pour la somme de 345.000 euros (hors frais).
San Miguel de Salinas. Un couple de Belges, désireux de s’installer sur la Costa Blanca, a acquis cette villa, entièrement meublée et décorée, pour la somme de 345.000 euros (hors frais).© PG

Le confort des constructions neuves

Eric et Catherine font partie de ces 3.914 Belges qui ont choisi d’investir en Espagne l’an dernier. Un chiffre en augmentation de 21 % sur un an et de 725 % sur 10 ans ! Les Belges se placent désormais au quatrième rang des acheteurs étrangers, après les Britanniques, les Français et les Allemands. Ils sont par ailleurs les plus nombreux à se tourner vers l’immobilier neuf, qui représente désormais 26 % des acquisitions réalisées par nos compatriotes.

” Il y a encore quelques années, les Wallons souhaitaient mettre la main sur des maisons typiques espagnoles, ce qui est de moins en moins vrai aujourd’hui “, explique Johan Conix, managing partner de l’agence immobilière Azull qui a accompagné le couple de Marchois dans l’achat de sa résidence ibérique. Les maisons traditionnelles sont ainsi peu à peu délaissées au profit des appartements et villas répondant aux dernières normes de la modernité. Les promoteurs s’alignent d’ailleurs depuis quelques années sur les goûts des étrangers. Désormais, les projets immobiliers intègrent des cuisines ouvertes, de grandes baies vitrées et des terrasses spacieuses. Alors que les constructions destinées aux Espagnols privilégieront une cuisine attenante et des petites fenêtres, afin de garantir un maximum de fraîcheur.

” La différence du prix d’achat entre le neuf et l’ancien n’est par ailleurs pas énorme, alors que les frais à engager pour remettre l’électricité aux normes, installer une salle de bains ou une cuisine moderne sont importants, augmentant de facto la facture finale, fait remarquer l’agent belge. Ceci étant, bien souvent, les maisons existantes sont idéalement localisées, dans des quartiers agréables. ” A Orihuela Costa, par exemple, ville côtière située dans la province d’Alicante et très prisée des vacanciers, ” il est difficile d’acheter en première ligne ( entendez ici : face à la mer, Ndlr) car les vieilles maisons espagnoles se négocient entre 500.000 et 600.000 euros, et il faut entièrement les retaper “, précise Johan Conix.

Budget moyen

Le budget moyen pour acquérir un bien neuf de base en Espagne ? Entre 240.000 et 300.000 euros. ” Le mètre carré se négocie entre 1.000 et 1.500 euros, indique Johan Conix. Bien sûr, vous pourrez trouver un appartement à 180.000 euros qui se situe à 5-10 minutes de la mer en voiture mais vous n’y trouverez rien aux alentours. Il n’y pas de miracle. Quand les prix sont bas, il y a une raison… ”

Azull – qui dispose d’un bureau en Espagne et de deux agences en Belgique – s’est davantage spécialisée dans le courtage de biens neufs, même s’il lui arrive de vendre également de l’immobilier existant. ” Nous nous apparentons plutôt à des chasseurs immobiliers, mais nous sommes payés par le promoteur, par pas l’acheteur “, indique le managing partner installé depuis 2008 sur la Costa Blanca. Le bureau belge travaille avec quelque 400 promoteurs locaux et dispose en portefeuille d’environ 600 projets neufs (et donc des milliers de biens immobiliers) répartis sur différentes régions de la péninsule ibérique. ” Nous ne voulons pas pousser les maisons ou les appartements vers le client, c’est contre nos principes, poursuit le professionnel qui a déjà accompagné des centaines de Belges dans leur rêve espagnol. Avant de collaborer avec un promoteur, nous enquêtons et vérifions sa fiabilité. S’il est bien propriétaire du terrain, s’il dispose des licences nécessaires à la construction, d’une garantie bancaire, etc. Si un avocat nous laisse entendre qu’il y a aurait ou aurait eu des problèmes avec le développeur, nous en restons là. Nous ne voulons prendre aucun risque. ”

Près de 4000 Belges se sont offerts une résidence secondaire en Espagne en 2017

Le meilleur rapport qualité/prix ?

Selon Azull, la Costa Blanca est la région qui, à l’heure actuelle, offre le meilleur rapport qualité-prix. Pour ne pas rien gâcher à ce plaisir, le soleil y est présent toute l’année (325 jours/an) et les températures sont plus qu’agréables (une moyenne de 16 ° C en hiver et de 25 ° C en été). La ” côte blanche “, avec l’île de Tenerife, est la région qui a enregistré le plus grand nombre de ventes à des étrangers l’an dernier, soit 41 %. Elément qui joue en sa faveur : elle dispose de deux aéroports (Alicante et Murcie). ” La proximité de l’aéroport ( qui doit être desservi par une compagnie low cost, Ndlr) reste un élément décisif dans l’achat, reconnaît Johan Conix. Avant la crise, cela n’avait pas d’importance. ” Mais désormais, le Belge souhaite pouvoir aisément venir passer quelques jours, voire un week-end, dans sa seconde résidence. Ce que confirme Eric qui a investi à San Miguel de Salinas : ” C’est super facile. En prenant l’avion vendredi vers 15 heures, nous sommes chez nous en soirée. Il faut compter une heure de route à partir de l’aéroport d’Alicante “.

On différencie la Costa Blanca nord et sud (au-dessus ou en dessous d’Alicante). La première est globalement plus onéreuse que la seconde. Les montagnes descendent dans la mer. Les maisons construites en hauteur offrent de magnifiques vues et les villages sont très agréables. ” Au nord, les projets neufs se font plutôt rares, précise l’agent immobilier. Mais on y trouve des villas (existantes) à partir de 350.000 euros. Il faut par ailleurs compter 250.000 euros pour un appartement, prix qui sera majoré des frais générés par une rénovation parfois bien nécessaire. ” Azull, voulant que ses clients ne prennent aucun risque, déconseille d’acheter des habitations saisies, ” des dossiers très difficiles “, selon Johan Conix. La plupart du temps, ces habitations sont en mauvais état et grevées de lourdes dettes laissées par les propriétaires. ” Quand un client vient nous voir avec un budget de 250.000 euros, on l’aiguille plutôt vers la Costa Blanca sud. ” Il en aura davantage pour son argent, et pourra investir plus facilement dans du neuf. ” C’est d’ailleurs au sud – région plus plate que le nord – que les promoteurs ont commencé à construire selon les goûts des étrangers “, précise le courtier immobilier.

L’attrait du soleil

Autre destination fort prisée des étrangers, notamment pour ses promesses ensoleillées : la Costa del Sol. La vie y est plus mondaine qu’ailleurs. La région a toutefois fort souffert de la crise qui a secoué l’Espagne il y a 10 ans : trop de logements y avaient été construits. Aujourd’hui encore, alors que le marché immobilier espagnol se redresse partout ailleurs, les constructions ne reprennent que lentement, d’autant plus que les autorités prennent leur temps pour délivrer les permis nécessaires à la construction de projets neufs. ” On a construit trop avant la crise, bien souvent n’importe comment, reconnaît Johan Conix. A Marbella, pour obtenir les permis de construire qui devraient être livrés en quatre mois, il faut attendre deux ans. ” Les prix de l’immobilier sont par ailleurs plus onéreux à la Costa del Sol, non seulement en raison de la renommée de la région, mais également car son paysage est très montagneux, nécessitant des techniques de construction plus complexes.

Près de 4000 Belges se sont offerts une résidence secondaire en Espagne en 2017

Plus authentique

Dans un autre style, la Costa Calida, beaucoup plus plate, fait le bonheur des promeneurs et cyclistes, avec ses nombreux parcs régionaux. La Mar Menor, grande mer intérieure où l’eau avoisine les 32 ° C en été, attire plongeurs et kitesurfeurs. ” Les appartements s’y vendent à partir de 100.000 euros, précise Johan Conix. Il est possible de trouver un peu moins cher, mais nous ne voulons pas vendre ces biens car ils sont synonymes de problèmes. ” Ici, le tourisme est différent. Davantage d’Espagnols que d’étrangers viennent y passer leurs vacances. L’ambiance y est donc tout autre, plus espagnole et plus authentique. Et le coût de la vie beaucoup moins cher.

Tenerife, c’est le moment

Les îles de Tenerife et Majorque sont deux autres destinations très prisées des Belges. La première présente peu de projets neufs. En matière d’acquisitions, il s’agit surtout de reventes. Le marché immobilier de la seconde est plus bien plus cher, mais il est intéressant d’y investir aujourd’hui. ” La région veut changer de visage, explique Johan Conix. Les autorités veulent remplacer les hôtels par d’autres beaucoup plus luxueux. Elles veulent interdire les locations et ne plus délivrer des permis de bâtir que pour des habitations propres. Aujourd’hui, il est donc très intéressant d’acheter du neuf pour ensuite relouer, car ce ne sera plus possible dans le futur. ” Ce qu’ont déjà compris les nombreux étrangers qui y ont investi en masse l’an dernier.

Par Anne-Sophie Chevalier.

Les golfs et country clubs séduisent de plus en plus

LAS COLINAS
LAS COLINAS© PG

Aujourd’hui, les étrangers attirés par l’Espagne convoitent un bien qui non seulement soit relativement proche de la mer, mais également d’autres infrastructures tels les clubs de golf qui pullulent les long des côtes. Outre le climat et la mer, la région d’Alicante, par exemple, propose une soixantaine de golfs dans un rayon de 100 km. Plusieurs resorts de grande envergure sont actuellement en développement dans la région et attirent de nombreux Belges.

Le golf et country club de Las Colinas, à San Miguel de Salinas, est un projet emblématique. Ce resort de 330 ha offre un golf de 18 trous (par 71), niché au coeur d’une zone verte. ” Des activités sont organisées toute l’année “, indique Francisco Morena Pérez, sales and technical director de Las Colinas. Il s’agit d’un resort de basse intensité. Un maximum de 1.500 propriétés y seront construites. A l’heure actuelle, 420 sont déjà sorties de terre. Si on suit le rythme actuel, le projet pourrait être fini d’ici cinq à six ans. ” Une valeur sûre, selon l’exploitant. ” Les propriétaires n’ont enregistré aucune perte lors des reventes au plus forte de la crise “, assure Francisco Morena Pérez.

Le budget à dégager pour s’offrir un logement dans ce club ? Le seuil d’entrée est de 246.000 euros pour un appartement deux chambres. Il faut compter 437.000 euros pour un penthouse de trois chambres. La villa la plus onéreuse flirte, quant à elle, avec les 4,3 millions. Ici, 85 % des acheteurs sont Belges. Notamment grâce à Azull, agence immobilière belge qui a fort misé sur Las Colinas. On y rencontre aussi des Scandinaves, des Français, des Danois, etc.

Plus au sud, le Manga Club, dans la région de Carthagène, propose trois parcours de 18 trous autour desquels sont répartis 2.500 logements sur 560 ha. Tout y est : un hôtel cinq étoiles, un business center, des supermarchés, deux centres commerciaux, une vingtaine de restaurants, un club de tennis (la Fed Cup Espagne-Paraguay s’y est déroulée le week-end passé), un terrain de foot (où les jeunes de Chelsea viennent s’entraîner durant les vacances d’été), une banque, un cabinet médical et même une pompe à essence. ” Ici, il faut compter un minimum de 300.000 euros pour un appartement deux chambres à la revente, et de 350.000 pour un trois chambres “, indique Johan Conix, managing partner de l’agence Azull.

S’adjoindre les services d’un avocat

Il s’agit là d’une étape indispensable lors d’un achat immobilier en Espagne. Le notaire seul n’est pas suffisant. En Espagne, celui-ci se limite à la rédaction de l’acte de transfert et à l’enregistrement de cet acte dans le registre des propriétés. L’avocat, lui, se charge de tous les contrôles nécessaires (le bien dispose-t-il de toutes les licences ? est-il exempt de dettes ? etc.). Il fait la demande d’un numéro NIE auprès de l’administration (qui permet au fisc espagnol d’être tenu au courant d’un éventuel achat) et de deux numéros si vous achetez en couple. Il se charge de l’ouverture d’un compte bancaire obligatoire (les frais d’eau et d’énergie, ce qui est dû au fisc, etc., sont directement débités du compte). Si vous désirez acquérir un bien neuf, une réservation – pour laquelle vous devez débourser entre 3.000 et 10.000 euros – doit être faite auprès du promoteur. Vous disposez alors d’un mois pour réfléchir. Si finalement, vous décidez de ne pas vous engager, vous perdez votre acompte. Si vous confirmez votre décision, l’avocat établit un contrat d’achat. Il vous faut alors mettre sur la table un acompte de l’ordre de 20 à 50 %. Le promoteur demande dans la foulée une garantie bancaire, qui est délivrée une semaine plus tard. Au bout du parcours, l’avocat établit l’acte notarial.

Un emprunt en Espagne ou en Belgique ?

” Nous conseillons à nos clients de disposer de la moitié du prix d’achat, explique Johan Conix. Nous constatons que 90 % d’entre eux n’ont pas besoin d’un emprunt. Selon nos statistiques, seuls 10 % ont souscrit un emprunt en Belgique ou en Espagne. ” Le coût de l’emprunt est plus intéressant en Belgique mais l’acquéreur devra hypothéquer un bien possédé dans notre pays. Logiquement, il préférera hypothéquer le bien espagnol et se tournera donc vers l’Espagne pour y dénicher un emprunt hypothécaire. Celui-ci sera moins avantageux et bien souvent un taux variable sera appliqué. ” Mais l’avantage est qu’il est possible de revoir les taux sans frais en Espagne “, poursuit l’agent immobilier. Idem pour le rachat de l’emprunt. Ainsi, de nombreux Belges ayant emprunté en Espagne remboursent le reste de leur dû quand arrive l’heure de la pension (et le versement d’indemnités y afférentes) ou à l’occasion d’un héritage.

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