Le libre-échange multilatéral dans la tourmente

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En 2017, il y aura dix ans qu’ont éclaté la crise financière puis la crise économique qui en a résulté. Depuis lors, l’économie s’est redressée dans de nombreuses régions, encore que la croissance ne soit pas spectaculaire. Mais il subsiste encore bien des risques. Le niveau élevé de la dette souveraine et celle des entreprises ou encore les actuels soubresauts géopolitiques. Tout comme les prix des matières premières qui restent faibles ou les nuages menaçants qui planent au-dessus de la Corée du Nord. Parallèlement, Donald Trump plaide pour le protectionnisme aux Etats-Unis. Mais en Europe aussi, des voix s’élèvent en faveur d’une prudence accrue à l’égard des grands investisseurs étrangers qui ont entamé des processus de rachat.

Après la débâcle de la Seconde Guerre mondiale, les accords commerciaux internationaux se sont succédé. Des accords multilatéraux ont été conclus entre un grand nombre de pays. Le GATT par exemple, en 1948, cet accord général sur les tarifs douaniers et le commerce international, qui a contribué en 1995 à la fondation de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), dans le but de stimuler fortement le commerce international.

Globalisation et délocalisation

La réduction des tarifs sur l’importation, l’élimination des barrières unilatérales freinant le commerce et l’introduction de règles du jeu égales pour tous les pays, sont des mesures qui ont été introduites dans la foulée de ces accords, pour favoriser le libre-échange. Et la tendance était claire : les accords commerciaux multilatéraux faciliteraient la libéralisation du commerce international.

L’une des conséquences a été la globalisation de l’économie. Elle a entraîné une augmentation de la prospérité, une baisse énorme des prix à la consommation, conjuguée à la baisse de la pauvreté sur les marchés émergents – qui étaient encore appelés alors des pays en voie de développement. Bien sûr, cela ne signifie pas qu’il n’y ait plus d’inégalités dans ces pays. Le revers de la médaille de la mondialisation est que la production des secteurs à forte intensité de main-d’oeuvre se déplace d’Amérique du Nord ou d’Europe vers ces pays émergents. Dès lors la globalisation a transformé le monde en un village.

Révolte populiste

Aujourd’hui, de plus en plus de voix s’élèvent contre cette globalisation. La libre circulation des biens, des capitaux et des personnes peut être particulièrement positive, mais elle génère aussi des perdants, un effet accéléré par l’automatisation croissante. Certains préfèrent dès lors se réfugier dans un passé plus rassurant. Et ce n’est pas un hasard si ce sont des personnes qui ont perdu leur emploi quelques années auparavant dans les secteurs industriels traditionnels.

Ces personnes déçues veulent protéger l’économie locale et s’opposent à l’arrivée des migrants ou des réfugiés, avec l’idée que ceux-ci pourraient leur voler leur emploi. C’est un argument électoral de choix pour les politiciens opportunistes qui cherchent à se faire (ré)élire. Surtout si la situation économique n’est pas bonne et s’il y a du chômage. Heureusement, les populistes ont enregistré moins de succès électoral que craint lors des dernières élections (européennes).

Le monde est un village

Il est intéressant de noter que certains pays qui étaient des partisans inconditionnels du libre-échange y sont parfois devenus des opposants radicaux. Dans une certaine mesure, la Chine se positionne comme un partisan et un gardien de la coopération économique mondiale – peut-être à cause des déclarations protectionnistes du président américain – mais, en même temps, ce pays demeure très protectionniste. Un paradoxe sociétal de taille !

Dans le même temps, le monde est devenu un village. Peut-être la mondialisation atteint-elle ses limites. Cependant, revenir à la situation du passé est difficile et n’est pas nécessairement dans l’intérêt des personnes concernées. On peut naturellement se limiter à la production pour son propre marché domestique, mais s’il s’agit de générer une croissance et un progrès économique, les échanges internationaux sont importants, sinon essentiels.

” S’il s’agit de générer une croissance et un progrès économique, les échanges internationaux sont importants, sinon essentiels. “

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