La fissure

” Jamais il n’aurait un jour soupçonné que la contemplation d’un mur, un mur des plus ordinaires, puisse lui procurer autant d’émotions et de sentiments contradictoires. ” En effet, Xavier Barthoux ne voit plus que cette fissure venant balafrer le mur de sa seconde résidence cévenole. Car osons le mot : Xavier s’emmerde ! Entre un quotidien petit-bourgeois et un boulot sans envergure, le pétage de plomb le guette. Dans son précédent roman Le liseur de 6h27, Jean-Paul Didierlaurent mettait déjà en scène un loser éteint à la vie aussi rangée que maussade. Ici, son personnage va tout plaquer, et gratter le béton de ce mur qui s’effrite, tout comme son existence. Direction l’île Chatham, parfait point antipodal de la fameuse maison de campagne, un détail rare mais authentique avec lequel s’amuse l’auteur français. ” A chaque recto son verso “, va-t-il y découvrir, avec pour seul compagnon, un nain de terre cuite, qui joue la voix d’une conscience insolente. Le lecteur ne sait d’ailleurs pas trop s’il a affaire à un schizophrène ou bien s’il s’agit d’un récit fantastique. Qu’importe ! Plein d’humour, ce parcours à 12.000 km de la France cache derrière une apparente ironie une belle sensibilité. Non sans causticité d’ailleurs, si bien qu’il ne nous semble guère étonnant que l’auteur français soit publié par le même éditeur de Thomas Gunzig, autre auteur au verbe mordant.

Jean-Paul Didierlaurent, ” La fissure “, éditions Au Diable Vauvert, 336 pages, 18 euros.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content