La cure détox du Ritz-Carlton de Ryad ? C’est 100 milliards de dollars extorqués !

Amid Faljaoui, Rédacteur en chef de Trends-Tendances

Le nouveau prince héritier d’Arabie saoudite est quand même très habile. Agé d’à peine 32 ans, il a pu trouver 100 milliards de dollars pour son pays en trois mois. Qui dit mieux ? C’est extraordinaire, mais soyons de bon compte, ce n’est pas en trouvant un nouveau gisement de pétrole ou de gaz qu’il a pu réussir cet exploit. Non, le prince héritier Mohammed ben Salman et futur roi d’Arabie saoudite a réussi la plus belle extorsion du siècle. Sans effraction ni goutte de sang. Comment ? Tout simplement, il a mis au trou des dizaines de ministres et hommes d’affaires de son pays ! Et le trou n’est pas une simple prison… mais l’hôtel Ritz-Carlton cinq étoiles de Ryad.

Le prince héritier pense qu’en Occident, nous avons la mémoire courte et que seul compte le nettoyage qui vient d’être fait.

Si vous voulez vous régaler, lisez le compte rendu du Financial Times du 18 février dernier. Vous y lirez le récit hallucinant de cette extorsion de fonds qui ne dit pas son nom. On y apprend, par exemple, que l’hôtel Ritz-Carlton a d’abord été vidé de tous ses objets tranchants ou susceptibles d’être utilisés dans le cadre d’un suicide. Ensuite, on découvre comment ces dizaines de détenus saoudiens ont été séquestrés pendant des mois jusqu’à ce qu’ils signent un papier dans lequel ils ” donnent ” une bonne partie de leurs avoirs mobiliers et immobiliers à l’Etat saoudien. Les portes des chambres où étaient séquestrés ces détenus étaient ouvertes en permanence pour empêcher toute vie privée et créer une pression psychologique. Les coups de fil aux proches étaient limités et très surveillés. Plusieurs anciens détenus ont raconté, sous couvert de l’anonymat, comment ils ont été interrogés en pleine nuit, parfois de manière brutale. Leurs propos restent prudents, car même s’ils sont libres aujourd’hui, ils ne peuvent plus quitter le territoire saoudien. Certains racontent qu’ils ont été brisés par cette détention et qu’ils n’arrivent plus à parler depuis leur remise en liberté. D’autres, plus résilients sans doute, plaisantent et disent que c’était une cure forcée qui leur a fait perdre du poids. Bref, ils remercient la cure détox du Ritz-Carlton.

Quant au prince Al-walid Ben Talal, l’un des hommes les plus riches au monde et le plus célèbre des détenus, on le voit en photo dans le Financial Times avec une barbe grise et assez amaigri. Le prince Al-Walid s’en en tiré par une pirouette en disant qu’il allait bien et que toute cette histoire de détention n’était qu’un… mauvais malentendu.

En principe, les noms des détenus devaient rester anonymes tant que leur procès n’avait pas eu lieu. Mais des fuites ont été savamment orchestrées par le pouvoir saoudien. Pourquoi ? D’abord, pour montrer au peuple que l’époque des profiteurs, c’est fini. Même les plus hauts dignitaires du pays ne sont pas à l’abri de l’ire royale. Ensuite, c’est un message aux investisseurs occidentaux qui se plaignaient de la corruption endémique en Arabie saoudite. En clair, le message des autorités saoudiennes devrait se lire : ” Venez chez nous, n’hésitez plus, le ménage est fait “. Evidemment la manière de lutter contre la corruption est quelque peu expéditive et ne correspond pas à nos canons occidentaux. Mais le prince héritier pense qu’en Occident, nous avons la mémoire courte et que seul compte le nettoyage qui vient d’être fait.

Reste à voir si cela va rassurer les investisseurs. La réponse sera connue dans quelques mois, quand aura lieu la plus grande introduction en Bourse (IPO) de tous les temps : la cotation d’Aramco, la firme pétrolière nationale. L’accueil de l’IPO sera un excellent test pour voir si les nuitées au Ritz-Carlton de Ryad auront servi à autre chose qu’une cure détox… !

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