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Croissance décevante: la Belgique peut-elle faire mieux ?

Au cours des dernières semaines,un peu à l’image de nombreuses entreprises, la plupart des pays européens ont publié leur chiffre de croissance économique du quatrième trimestre de 2017. Et la Belgique fait malheureusement pâle figure.

Pour l’ensemble de la zone euro, la croissance s’établit à 0,6 % par rapport au trimestre précédent, ce qui est plus qu’honorable (la croissance dite ” normale ” se situe aux environs de 0,5%). Mais surtout, sur l’ensemble de l’année 2017, l’activité économique a progressé dans la zone euro de pas moins de 2,5 %, ce qui montre que la reprise est bien là. Au regard de ces chiffres, la Belgique fait malheureusement pâle figure : la croissance économique a atteint 0,5 % au quatrième trimestre de l’année passée, et sur l’ensemble de l’année 2017, l’activité a augmenté de seulement 1,7 %. Faut-il s’en inquiéter ?

Certes, une partie du retard que prend, en apparence, la Belgique n’est qu’une illusion. Il faut en effet se rappeler que la Belgique est une des économies s’étant redressée le plus rapidement après la crise de 2008-2009, emmenée par la croissance allemande. Au même moment, d’autres pays comme l’Espagne ou l’Irlande s’enfonçaient dans une très longue récession. Aujourd’hui, il est donc normal que ces pays connaissent une phase de reprise plus dynamique (c’est une sorte d’effet de rattrapage), ce qui dope par ailleurs la croissance de la zone euro. Néanmoins, si l’on prend comme point de départ l’indice du PIB au début de l’année 2008, le niveau atteint aujourd’hui par l’indice du PIB belge est toujours 2 % plus élevé que celui de la zone euro. En d’autres mots, on peut certainement dire que la Belgique a un cycle économique plus lisse que d’autres pays, ce qui se traduit, en période de bonne conjoncture, par une croissance plus faible.

La Belgique a un cycle économique plus lisse que d’autres pays, ce qui se traduit, en période de bonne conjoncture, par une croissance plus faible.

La situation semble cependant plus complexe, car d’autres variables reflétant l’état de l’économie belge montrent un visage bien plus positif que celui reflété par la croissance économique. Dès lors, certaines relations qui prévalaient au cours des 20 dernières années semblent tout à coup ne plus fonctionner. On sait par exemple qu’il existe un lien très fort entre la confiance des chefs d’entreprise en Belgique et la croissance du PIB. Or, au cours des derniers trimestres, les chiffres de croissance du PIB sont systématiquement inférieurs à ce que l’on aurait pu déduire de l’indice de confiance. De même, il existe un lien fort entre la croissance économique et les créations d’emplois (ce que l’on appelle la loi d’Okun). Mais une fois de plus, ce lien est récemment remis en cause : les créations d’emplois comptabilisées dépassent de loin ce à quoi l’on aurait pu s’attendre en observant la croissance économique. Bref, avec moins de croissance qu’avant, on atteint des niveaux de confiance et d’emploi très élevés.

Comment expliquer la divergence des indicateurs économiques ? On se doit d’invoquer d’abord l’impact de l’assainissement des finances publiques. Tournez-le comme vous le voulez, mais quand on prend des mesures d’économie, cela a toujours un impact sur la croissance. Mais l’explication n’est pas suffisante, car on devrait alors voir un impact négatif sur les autres variables cycliques, ce qui n’est pas le cas, à une exception près. Il est en effet clair que la dynamique de consommation des ménages n’est pas pleinement au rendez-vous. Une part non négligeable de la hausse du revenu disponible des ménages se traduit actuellement par une hausse du taux d’épargne plutôt que par une hausse de la consommation. C’est fondamentalement une bonne chose pour la stabilité financière du pays, et le caractère temporaire d’un tel phénomène permettra, in fine, le retour d’une croissance similaire à celle de la zone euro. Mais à court terme, cela ampute la demande, malgré une bonne situation économique générale.

Enfin, en prenant un peu plus de recul, une troisième hypothèse peut être invoquée : peut-être que les relations macroéconomiques du passé ne sont plus valables et que la capacité de la Belgique à générer de la croissance est plus limitée qu’avant. Encore faudrait-il comprendre pourquoi cela ne semble pas le cas dans d’autres pays…

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