L’homme qui valait 5000 milliards de dollars

Même si Donald Trump est loin d’avoir dissipé tous les doutes qui l’entourent, les marchés financiers ne le condamnent pas encore. Depuis sa victoire surprise aux élections présidentielles américaines, la capitalisation boursière de la planète a augmenté de 5000 milliards de dollars !

Les marchés d’actions continuent en effet de tabler sur une reprise économique, une amélioration des résultats des entreprises et la fin de la période déflationniste. Ce qui incite les investisseurs à arbitrer une partie de leurs obligations en actions. Les résultats des entreprises semblent peser moins que d’ordinaire, et on assiste à un scénario classique, où la plupart des entreprises surpassent les prévisions (revues à la baisse).

CF Industries dans le rouge

On s’attendait à ce que le quatrième trimestre de CF Industries ne soit pas exceptionnel. Les analystes prévoyaient une perte de 5 centimes par action, la première depuis de très nombreuses années. Mais les résultats se sont avérés inférieurs aux attentes. Le géant des engrais a en effet essuyé une perte nette de 320 millions de dollars, soit -1,38 dollar par action. Ce résultat incluait cependant plusieurs dépréciations d’actifs et autres réductions de valeur uniques. La perte récurrente (hors éléments exceptionnels) s’établit ainsi à 90 millions de dollars, soit -0,39 dollar par action. Le chiffre d’affaires, de 867 millions de dollars, est lui aussi resté 4,6 % en dessous des prévisions moyennes des analystes (908,6 millions de dollars). Le chiffre d’affaires pour les trois derniers mois de 2016 a reculé de plus de 22 % par rapport à la même période en 2015 (1,115 milliard de dollars). CF Industries a écoulé l’équivalent de 762 millions de tonnes d’engrais au prix moyen de 277 dollars la tonne entre octobre et décembre 2016. En volume, cela représente un recul de 7 % par rapport au dernier trimestre de 2015. Le repli en termes de prix est encore plus substantiel : -39,5 %.

Cela souligne une année 2016 exceptionnellement difficile, durant laquelle le bénéfice par action s’est effondré de 3,79 dollars par action pour l’exercice 2015 à 0,47 dollar par action à peine. Une baisse de quelque 88 %, qui découle du recul de la production de 4 % et surtout d’une chute du prix moyen de 33 % (de 509 à 341 dollars la tonne), qui a ramené la marge brute de 42 à 27,1 %.

Baisse justifiée de la note

CF Industries est devenu le premier producteur mondial d’engrais azotés ou nitrates (symbole chimique ” N “) ces dernières années. Sa direction ne table sur un véritable redressement des prix qu’en 2018, avec un plancher attendu courant 2017. Après un premier trimestre encore faible, les analystes escomptent un bénéfice comparable à celui de l’an dernier au deuxième trimestre. CF Industries indique être à peu près le seul acteur sur le marché à encore accroître ses capacités et prévoit une croissance de la demande à nouveau supérieure à celle de l’offre après 2017, ce qui permettra un redressement progressif des cours. Le rebond spectaculaire de l’action (+ 50 % en quatre mois) indique que le marché commence à anticiper une amélioration conjoncturelle à partir de la mi-2017.

Il y a environ un mois, nous avions abaissé la note de CF Industries à ” conserver ” (2B), conscients précisément qu’après une telle hausse en l’espace de quelques mois, un trimestre décevant pourrait occasionner de sérieux dégâts en Bourse. Cette note est maintenue.

Sipef va lever des capitaux

Vous avez déjà l’occasion de lire notre analyse détaillée des résultats annuels de Sipef sur notre site dès aujourd’hui. Vous la retrouverez également dans le prochain numéro. Le groupe de plantations anversois a nettement surpassé les attentes, tant en matière de chiffre d’affaires que de bénéfices. Les actionnaires recevront un dividende brut de 1,25 euro par action. Mais le communiqué de presse publié à l’occasion de l’annonce des résultats annuels signalait également de manière explicite que l’augmentation stratégiquement importante de la participation dans PT Agro Muko sera en partie financée par une augmentation de capital, avec maintien des droits préférentiels pour les actionnaires existants. Le calendrier et les modalités de l’opération n’ont pas encore été communiqués. Une assemblée générale extraordinaire sera convoquée le moment venu pour en débattre. Cette annonce vient confirmer les rumeurs qui circulaient depuis un certain temps sur le marché. Nous attendons les conditions, mais en principe, nous serions plutôt enclins à participer à cette augmentation de capital. Dans l’attente de l’opération, nous prévoyons une évolution plutôt stable de l’action. Conserver (2B).

Paru sur initiedelabourse.be le 20 février

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