L’expert : françois gemenne, professeur au centre d’études de l’ethnicité et des migrations (ulg) et à science-po (paris)

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” Les flux migratoires vont continuer à augmenter, en raison des inégalités économiques et de développement qui vont continuer à se creuser, des conflits armés et des changements climatiques. Si cette augmentation sera tangible en valeur absolue, elle ne le sera pas en valeur relative. Depuis 60 ans, la proportion de migrants internationaux se situe aux alentours de 3 % de la population mondiale. Ce chiffre restera stable parce que la migration continuera de coûter énormément d’argent aux candidats au départ. Depuis 2000, les migrants ont dépensé plus de 15 milliards d’euros, notamment auprès des passeurs, pour rejoindre l’Europe ! Une famille peut économiser pendant 10 ans pour financer un tel projet. Les nouvelles politiques, plus drastiques, comme celle de Donald Trump, n’auront aucun effet sur les flux migratoires. Le mur, qui existe déjà partiellement entre les Etats-Unis et le Mexique, n’a eu aucun impact sur les déplacements entre ces deux pays. S’il veut ralentir les flux migratoires, le nouveau président n’a qu’une seule option : plonger son pays en récession. Les murs et les fermetures de frontières n’ont jamais empêché les gens de passer. On l’a vu avec Calais, où 10.000 personnes attendaient de passer vers la Grande-Bretagne. Si des politiques plus contraignantes se mettent en place, ce sera plus difficile, plus coûteux et plus dangereux de migrer, mais cela n’arrêtera pas les déplacements de populations. D’autant qu’une autre évolution est actuellement en cours : la proportion de migrants forcés (à cause de catastrophes naturelles, guerres, persécutions, etc.) est en augmentation par rapport aux migrants volontaires. “

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