La jeune entreprise bruxelloise 87 Seconds à la conquête de l’Europe

© A. Martin

Lancée il y a cinq ans, la jeune entreprise bruxelloise 87 Seconds ne cesse de croître. Spécialisée dans la production de vidéos, la société compte une soixantaine de collaborateurs répartis sur cinq sites en Europe.

Située dans des anciennes salles de squash dans le nord de Bruxelles, 87 Seconds n’est pourtant pas vraiment dédiée au sport de raquettes. Le business de cette jeune entreprise, c’est plutôt le digital, et surtout la vidéo.

D’abord spécialisée dans la création d’animation explicative, l’entreprise a rapidement élargi ses horizons en se lançant également dans la réalisation de vidéos et de films professionnels d’entreprise. Cette diversification n’est d’ailleurs pas la seule évolution qu’a pu remarquer la jeune pousse. En cinq ans, les habitudes ont déjà radicalement changé le métier. ” On tire notre nom du temps idéal d’une vidéo explicative. Après une minute et demie environ, la concentration n’est plus optimale. Mais aujourd’hui, avec l’émergence des réseaux sociaux et des mini-vidéos, cela a largement changé : les formats doivent être beaucoup plus courts et percutants. Pour certains messages, 17 secondes pourraient davantage être considérées comme le temps de référence “, explique Thibaut Dehem, managing director et l’un des fondateurs de 87 Seconds. Des vidéos plus courtes, mais qui suscitent aussi bien plus d’intérêt. ” Il y a quelques années, la vidéo représentait 70 % du trafic. Aujourd’hui, le chiffre monte à 83 % du trafic internet “, précise Philip Swinnen, l’autre managing director de la société. Les entreprises ne s’y sont trompent d’ailleurs pas puisque le budget qu’elles consacrent à la communication digitale est en croissance. ” L’évolution est encourageante mais encore insuffisante car l’audience du digital devient vraiment importante “, explique Thibaut Dehem.

Outre les changements d’habitudes de consommation, 87 Seconds doit également s’adapter constamment aux évolutions – très nombreuses – dans le domaine. ” Il y a eu évidemment le développement de la 3D. Mais actuellement ce sont les vidéos 360 degrés qui sont en plein essor. On s’est également récemment équipés de drones. L’apport des créatifs est très important. Ce sont eux qui ont les idées et qui connaissent les équipements dont ils ont besoin “, poursuit le fondateur, diplômé de Solvay. Avec des prix de plus en plus accessibles, l’entreprise peut également s’équiper d’un matériel de qualité à prix démocratique. ” Aujourd’hui, on peut avoir accès à des caméras pratiquement semblables à celles des pros pour quelques milliers d’euros. On a aussi accès relativement facilement à des logiciels pour faire des dessins proches de ceux de Disney “, sourit encore Thibaut Dehem.

Déjà bien présente en Europe

La croissance de l’entreprise est impressionnante. Depuis sa création, 87 Seconds double son chiffre d’affaires chaque année. ” En 2016, on a atteint 2,8 millions d’euros. Le prochain objectif sera donc 5,6 millions, ou au moins 5,3 millions d’euros “, lance le fondateur. L’entreprise doit d’ailleurs régulièrement se repenser. ” On a déménagé quatre fois en cinq ans “, ajoute-t-il. L’expansion du groupe s’est également faite à l’étranger avec l’ouverture d’une première succursale dès la deuxième année à Paris. ” Aujourd’hui, ils sont une trentaine de collaborateurs, soit quasi autant que notre siège à Bruxelles. En termes de résultats, ils vont d’ailleurs probablement nous dépasser bientôt car le marché français est évidemment bien plus vaste “, explique encore Philip Swinnen. Depuis ce premier pas vers l’international, 87 Seconds n’a cessé d’ouvrir de nouveaux bureaux en Europe, en moyenne un tous les six mois. ” On a désormais aussi des bureaux à Lyon, Genève et Amsterdam “. Le mois dernier, Madrid s’est ajoutée à la liste, avant une prochaine ouverture en Allemagne.

Si les bureaux se multiplient, les marchés ne sont pas au même stade de maturité partout. ” Si vous me demandez où se situe la Belgique dans notre domaine par rapport à la Suisse, je vous répondrai qu’elle est largement en avance. A l’inverse, comparée aux Pays-Bas, elle est plutôt très en retard “, sourit le fondateur, qui ne regrette néanmoins pas ces différences : ” Avoir des niveaux d’avance variables selon chaque marché est très stimulant et permet d’apprendre énormément. Il y a également beaucoup d’échanges, car on sait prédire quand un bureau aura un souci ou une grande croissance. Du coup, ceux qui sont déjà passés par là peuvent partager leur expérience. ”

De la Commission européenne à Uber

L’entreprise n’a pas de marché cible spécifique. 87 Seconds travaille aussi bien avec les PME, les multinationales ou des sociétés publiques. ” On a évidemment d’abord commencé avec des entreprises de petite taille. Mais on a rapidement su convaincre des sociétés plus importantes. Aujourd’hui, les grands groupes représentent 70 % de notre clientèle “, explique encore Philippe Swinnen.

La société ne se limite pas à un secteur défini. ” Les demandes sont très variées. On a, par exemple, travaillé pour Infrabel, la Commission européenne, Test-Achats, IBA et UberEATS .” Une variété à laquelle l’équipe s’est adaptée sans chercher à spécialiser ses équipes. ” Tout le monde est susceptible de travailler sur chaque projet. On veut éviter que nos collaborateurs s’enferment dans un domaine où ils risquent de se répéter .” Parmi ses clients, 87 Seconds a également rapidement convaincu des entreprises renommées. Des clients prestigieux mais qui demandent parfois une certaine adaptation à l’entreprise. ” Les grosses boîtes souhaitent souvent une proximité avec leur siège. Nous avons d’ailleurs ouvert notre bureau à Genève pour Nestlé, et celui de Lyon pour Michelin “, précise le fondateur.

Croissance organique

A l’heure où la plupart des start-up se jaugent en fonction de leurs levées de fonds, l’entreprise bruxelloise a préféré miser sur une croissance organique. ” Il y a beaucoup de bruit autour des levées de fonds. Cela peut évidemment donner une idée de l’intérêt des projets mais nous considérons que réaliser une levée de fonds doit être le dernier recours pour se financer. Cela entraîne une vraie perte de liberté. On n’y a jamais eu recours, même s’il est vrai que certains domaines ont des besoins de financement plus importants que d’autres “, explique le fondateur. Un choix stratégique qui semble être payant jusque maintenant.

Par Arnaud Martin.

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