“En Wallonie, l’avenir des terrains à bâtir est en sursis”

L'Agence de promotion immobilière du Brabant wallon, en collaboration avec Thomas & Piron et Immobel, construit 203 logements à Grez-Doiceau. Un tiers des logements ont été vendus 30 % en dessous des prix du marché. Le solde des habitations permet de financer cet avantage. © PG

Il sera de plus en plus compliqué d’acheter un terrain à bâtir dans les prochaines années. Que ce soit les nouvelles tendances d’aménagement du territoire, la raréfaction des terrains ou encore leur prix de plus en plus élevé, la plupart des éléments tendent vers la fin d’un modèle.

En matière de ventes de terrains à bâtir, Thomas & Piron est leader sur le marché wallon. Il propose des terrains à bâtir ou des terrains liés à un projet de construction. Près de 400 terrains ont été vendus l’an dernier en Wallonie. Entretien avec Sébastien Ladouce, directeur du département développement de terrain et promotion chez Thomas & Piron.

TRENDS-TENDANCES. Comment se porte le marché des terrains à bâtir pour les particuliers en Wallonie ?

SÉBASTIEN LADOUCE. Le secteur est très dynamique. Ces trois dernières années ont été très bonnes. La confiance des ménages est revenue, les investissements en immobilier se poursuivent. Le nombre de transactions est toujours à la hausse.

Qu’en est-il des prix ?

Rien de bien surprenant : il y a une tendance haussière pour les localités bien situées, comme par exemple sur l’axe Bruxelles-Luxembourg. L’évolution des prix est liée à la localisation. Il faut aussi ajouter que le prix au mètre carré a grimpé car il y a dorénavant davantage de petits terrains.

La demande a-t-elle quelque peu évolué ces dernières années ?

Sébastien Ladouce (Thomas & Piron)
Sébastien Ladouce (Thomas & Piron)© PG

Nous sommes passés du lotissement quatre façades vers l’aménagement de quartiers mixtes comprenant davantage de maisons mitoyennes ou d’immeubles à appartements. La revitalisation urbaine est privilégiée. Cette donne a bien évidemment un impact sur le marché des terrains à bâtir. Chez Thomas & Piron, nous vendons donc davantage de produits finis, qui sont déjà développés. Pour le reste, il y a toujours les irréductibles, qui rêvent de la maison quatre façades avec la possibilité de construire une piscine. Mais je trouve que, d’une manière générale, les mentalités évoluent. Et ce d’une manière assez rapide. Surtout au niveau des maisons mitoyennes. Il y a 10 ans, elles étaient moins prisées. Aujourd’hui, c’est le contraire.

Avec des terrains toujours plus petits…

C’est une tendance qui s’accentue année après année. Le terrain classique de 8 à 10 ares séduit de moins en moins. La superficie moyenne des terrains tourne aujourd’hui davantage autour de 5 ares. Avec, dans certains centres de villages, des terrains de 3 ares. L’idéal est alors de compenser cette situation par l’aménagement d’espaces publics de qualité. L’entretien de grandes parcelles freine certains candidats acquéreurs. Ils privilégient une bonne localisation.

Le terrain classique de 8 à 10 ares séduit de moins en moins.

Le modèle de la bâtisse quatre façades tend à disparaître en Wallonie. Le Stop au béton est dans les cartons. Le segment des terrains à bâtir est-il en voie d’extinction ?

Il est évident que le modèle de la quatre façades sur un terrain de 10 ares n’est plus le segment d’avenir sur lequel nous misons. Le mouvement est en marche depuis longtemps. La fin de l’urbanisation en ruban, qui coûte à la collectivité en termes d’entretien, a été un premier pas. Il s’accentue aujourd’hui. Il est clair que le Stop au béton suscite une réflexion de notre part en matière d’acquisitions, même si au final c’est surtout un slogan politique, lancé à une période bien choisie. Il est aujourd’hui préférable pour nous d’acquérir un terrain bien situé dans un contexte urbanisé plutôt que de grappiller des terres vierges. Nous ne pouvons nous permettre des investissements qui ne se concrétiseront pas et donc des terrains qui nous resteraient sur les bras.

Existe-t-il encore des bons terrains ?

Le terrain pour villa quatre façades va en tout cas de plus en plus devenir un bien de luxe, d’autant que les terrains vierges et urbanisables vont se raréfier et qu’il sera de plus en plus difficile d’obtenir un permis. Il existe au niveau de la législation des possibilités de diviser des terrains dans certaines conditions. Il s’agit de dispositions qui permettent d’encore trouver des terrains à des prix abordables.

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