IL EST TEMPS DE PRIVATISER

La débâcle annoncée de la Caisse d’investissements de Wallonie, lancée en 2009, et dont la disparition est à présent annoncée pour 2019, est un bon exemple de la gestion désastreuse caractéristique des pouvoirs publics. Il n’y avait aucune utilité à créer un organisme de financement contrôlé par une Région dans un pays où les banques ne manquent pas.

Même si les résultats sont meilleurs parce qu’elle jouit d’une plus grande autonomie, Belfius n’a aucune raison objective de continuer à appartenir à l’Etat. Celui-ci, surendetté, n’a aucune vocation à détenir une participation dans une banque dont l’activité ne relève pas du service public. Il n’y a aucune raison que l’Etat reste ainsi dans une situation de concurrence par rapport à des organismes privés. Soit il fait la même chose qu’eux, et on ne voit pas ce qu’il apporte de plus, soit ses critères de financement et d’investissements sont différents, et cela implique une charge supplémentaire pour lui par rapport à ses concurrents. Ce type d’investissement constitue d’ailleurs une spéculation réalisée avec l’argent des contribuables. L’exemple de Dexia, dans lequel les communes ont lourdement investi, à perte, est édifiant.

Il y a encore moins de motifs pour que l’Etat conserve une participation importante dans BNP Paribas, banque étrangère, dans laquelle il ne dispose même pas d’un pouvoir d’influence significatif.

Il s’agit là de capitaux importants qui sont affectés à des investissements qui ne relèvent pas de la mission de l’Etat, et qui impliquent des risques, qu’il n’y a pas de raison de faire supporter par les contribuables.

La même chose peut être dite à propos de la participation détenue par l’Etat belge dans Proximus. Cette participation est un vestige du passé et nuit au développement de l’entreprise. L’Etat est un exécrable actionnaire qui, toujours à la recherche d’argent, exige des dividendes excessifs par rapport au marché et réduit la capacité d’autofinancement de l’entreprise. Il se trouve là aussi en situation de concurrence avec des entreprises privées qui font la même chose que Proximus. Certes, cette participation permet précisément à l’Etat de recueillir des dividendes, mais l’importance de ceux-ci permettrait justement d’obtenir un prix intéressant d’un acheteur de cette participation.

Il n’y a plus aucune raison non plus pour que l’Etat conserve une part dans bpost, une entreprise de transport de courrier et de colis. L’on sait qu’à terme, le développement des technologies réduira toujours l’importance du transport de lettres et que dans le domaine des colis, une société en partie publique n’a plus de raison d’être en raison de la multiplicité des autres entreprises de transport. Il paraît clair que le maintien de la participation de l’Etat ne s’explique, en l’occurrence, que par la volonté de maintenir un statut public d’un autre âge aux membres du personnel en raison de la puissance des syndicats dans l’entreprise. De plus, l’Etat verse chaque année à bpost une subvention correspondant au coût d’un ” service universel ” que celle-ci s’engage à prester. Ce service n’est lui-même qu’une étrange redistribution au profit des personnes, riches ou pauvres, qui vivent dans des endroits difficiles d’accès et où bpost s’engage néanmoins à acheminer le courrier.

La même constatation peut-être faite, et à propos de montants beaucoup plus élevés, pour la SNCB. Non seulement les pouvoirs publics détiennent celle-ci, qui a représenté une charge colossale, sans doute jamais récupérable, mais ils la subventionnent chaque année à concurrence de sommes énormes simplement pour garantir des transports peu coûteux pour les personnes habitant loin de leur lieu de travail. S’agit-il bien là d’un critère de redistribution acceptable ?

La même remarque peut être faite à propos des autoroutes, utilisées essentiellement par certaines catégories de la population mais financées par tout le monde. Ne serait-il pas plus justifié de les vendre à des concessionnaires qui financeront leur acquisition par un péage, supporté par les utilisateurs ?

Tout ceci permettrait accessoirement de montrer qu’il n’existe pas de service public gratuit. Il y a des services publics dont le coût est supporté par les utilisateurs, ce qui paraît être la solution normale, et d’autres dont le coût est supporté par les contribuables. Dans ce dernier cas, il y a un transfert de ressources au détriment de ceux-ci et au profit des personnes qui utilisent ces services. Cela implique une redistribution souvent injustifiée parce que les bénéficiaires ne représentent pas une catégorie justifiant une aide de la part des autres contribuables.

Dans le domaine des privatisations, l’immobilisme est pour le moins inquiétant.

THIERRY AFSCHRIFT

La participation détenue par l’Etat belge dans Proximus est un vestige du passé et nuit au développement de l’entreprise.

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