Gaz et électricité : une manne providentielle pour publifin ?

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Petit poisson deviendra grand Pourvu que Dieu lui prête vie. Mais le lâcher en attendant, Je tiens pour moi que c’est folie. (Le petit Poisson et le Pêcheur)

L’énergie, c’est le métier de base et le fonds de roulement de Publifin. Tout part en effet de l’Association liégeoise de l’électricité. Stéphane Moreau en prend la direction au milieu des années 2000 et ambitionne d’utiliser le cash généré par cette activité monopolistique pour financer une diversification du groupe. Dix ans plus tard, le modèle fonctionne toujours sur cette base. Conséquence inéluctable : si les bénéfices de la distribution d’électricité, réalisées par l’entité RESA, sont réinvestis (ou s’ils renflouent des investissements non rentables), ils ne reviennent plus aux communes sous forme de dividendes. Selon les calculs du Soir, l’écart entre les profits de Resa et les dividendes de Publifin a privé les communes liégeoises de plus de 300 millions d’euros en huit ans. Certaines années, le dividende n’en était même pas un puisque le groupe travestissait en dividende la redevance de voirie, légalement due aux communes.

Les tarifs de distribution de l’électricité sont validés par le régulateur (Cwape en Wallonie). Ils incluent une rémunération équitable du capital investi, selon une savante formule basée notamment sur le rendement des OLO. Le niveau de ces dernières a poussé les dividendes à la baisse, y compris chez Ores où ils ont quasiment été divisés par deux en huit ans (heureusement, le gaz est plus stable). ” Ores a bien réinvesti dans la qualité de son réseau, commente un observateur du secteur énergétique. C’est moins le cas chez Resa où le réseau a été quelque peu délaissé. ” En 2015, la filiale de Publifin a investi respectivement 48 et 32 millions dans ses réseaux de gaz et d’électricité, contre 160 et 81 millions pour Ores. Les distributeurs se préparent à de lourds investissements pour le développement de réseaux intelligents, qui permettront de mieux maîtriser la consommation.

Publifin a par ailleurs développé des activités de production d’électricité, à travers sa filiale Elicio. Celle-ci a racheté une partie des activités d’Electrawinds en 2014. Elle gère ainsi des parcs éoliens terrestres et offshores en France et en Belgique. Elle a des projets en Roumanie, en Serbie, au Kenya et en République démocratique du Congo. Les investissements dans le renouvelable sont par nature à long terme. Elicio affiche une perte cumulée de 11 millions d’euros sur 2014 et 2015.

Et si l’exemple venait de… Charles Michel ?

Vous ne voulez pas d’une grosse intercommunale de distribution d’électricité ? C’est tout à fait possible. Jusqu’en 2015, Wavre (la ville du Premier ministre Charles Michel) disposait d’une régie communale pour ce faire. ” Nous avons fait le choix de rester indépendants, explique l’échevine en charge des Régies, Anne Masson. Nous voulons rester proches des citoyens et éviter les dérives qui guettent toute grosse structure, qui finissent par être déconnectées des réalités du terrain. ”

Toutefois, les investissements nécessaires dans le réseau et dans l’informatique pouvaient difficilement continuer à être assumés par une seule entité. Aussi, Wavre s’est-elle associée aux autres derniers Mohicans (une dizaine de communes autour d’Andenne et Chimay) pour fonder Arewal, l’association des réseaux wallons. ” Ce ne fut pas une décision facile et j’espère que l’avenir nous donnera raison “, concède Anne Masson, en précisant que la petite structure investit aussi dans la R&D, l’éclairage intelligent et la cogénération. Elle ne laisse donc pas passer les trains du futur énergétique. La distribution rapporte bon an mal an de 1,5 à 1,8 million d’euros à Wavre. Les administrateurs d’Arewal perçoivent un jeton de présence de 125 euros par réunion. C’est tout…

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