Existe-t-il d’autres publifin en wallonie ?

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Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés. (Les Animaux malades de la peste)

Y a-t-il d’autres Publifin ? C’est la question qui hante les responsables wallons. Pour répondre à cette question, nous allons prendre trois points de comparaison .

Primo, la source de financement : le métier de base de la structure de Nethys/Publifin, c’est la distribution de gaz et d’électricité, via la société Resa. Une autre intercommunale wallonne effectue le même métier : Ores, qui couvre 75 % du territoire. La comparaison s’arrête toutefois ici. Pas de société anonyme chez Ores, pas de diversification, pas d’enchevêtrement de filiales. Et bon an mal an, 50 à 80 millions d’euros de dividendes reversés aux communes.

Mais, il y a un mais. Derrière Ores qui exploite les réseaux, il y a Ores Assets qui regroupe huit anciennes intercommunales de distribution de gaz et d’électricité. Pourquoi une fusée à deux étages ? Pas évident de comprendre. Au sein d’Ores Assets, on retrouve des comités de secteur comme chez Nethys. Ils correspondent aux territoires des anciennes intercommunales. Ils disposent, nous dit-on, de vrais pouvoirs décisionnels en matière de tarifs (ils varient d’une zone à l’autre) et d’investissements. Ils devraient disparaître, ou en tout cas voir leurs prérogatives rabotées, d’ici la fin juin. En attendant, Ores dépense 778.000 euros en rémunérations des différents mandats et Ores Assets 689.000.

Secundo, les intercommunales d’intercommunales. On vient de le voir : il y a deux étages à la fusée Ores. Mais il faudrait peut-être en compter un troisième, celui des intercommunales de financement pures. Elles hébergent en effet les participations des communes dans Ores. A l’époque, cette mutualisation a permis de lever, à moindres frais, les fonds nécessaires au rachat des parts d’Engie dans le réseau de distribution. Cette strate est-elle toujours bien indispensable ? Elle facilite la participation communale à d’autres investissements énergétiques, tout en permettant aux communes de négocier des achats groupés de gaz et d’électricité. Mais elle implique des présidents et vice-présidents, ainsi que des dizaines et des dizaines d’administrateurs. La facture s’élève à 300.000 euros annuels en Hainaut, 86.000 à Namur et 83.000 en Brabant wallon. A en croire le rapport annuel, dans le Luxembourg, les administrateurs ne sont pas rémunérés.

Tertio, la constitution en SA : Publifin n’a pas le monopole de l’intercommunale qui crée des filiales sous la forme de société anonyme. L’agence de développement de Wallonie picarde, Ideta, a lancé la SA Elsa en 2008 pour développer une activité de production d’énergie renouvelable. ” Cette formule fut choisie pour bien identifier nos activités économiques, et donc taxables, du reste de nos missions, explique le directeur d’Ideta, Pierre Vandewattyne. Ce choix a été approuvé par les conseils des 24 communes membres. Le statut de SA nous permet également de lutter à armes égales avec les autres acteurs du secteur. ” Il insiste sur le fait qu’en investissant dans le renouvelable, Ideta ne s’écarte pas de sa mission de base, qui inclut le développement durable. L’essentiel des investissements a d’ailleurs été effectué dans les zones d’activité économique.

Au fil du temps, on assiste cependant à une extension de cette diversification : projet d’usine de biométhanisation avec Engie, réseau de station-service au gaz naturel (avec Engie également) et, plus surprenant, investissement dans l’hydrolien (turbines qui produisent de l’électricité grâce aux courants marins) au large des îles Shetland (Ecosse) avec des partenaires locaux publics et privés. Chaque fois, en créant des filiales d’Elsa et en s’éloignant donc de la capacité de contrôle des communes. Précision importante : les mandats dans les filiales ne sont pas rémunérés et la diversification apporte 6 millions de dividendes supplémentaires aux communes. ” Nos activités sont bien cloisonnées, conclut Pierre Vandewattyne. Les bénéfices des investissements dans le renouvelable ne financent pas nos missions opérationnelles mais sont distribués aux communes sous forme de dividendes. Pour l’opérationnel, nous avons sollicité une augmentation des cotisations des communes, justement parce que nous ne voulons pas de vases communicants entre nos secteurs. ”

Résumons : Publifin/Nethys n’est pas la seule institution à capitaux publics à avoir créé des comités de secteur, à présenter une organisation reposant sur plusieurs strates, à créer des filiales sous la forme de société anonyme, ni à investir à l’étranger. Mais c’est la seule à cumuler les trois caractéristiques.

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