“Entreprendre est devenu une option positive pour beaucoup de jeunes”

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Le professeur d’entrepreneuriat de HEC-Liège dévoile une étude sur l’évolution de l’esprit d’entreprise en Belgique.

La Belgique recule de cinq points dans l’ Amway Global Entrepreneurship Report publié cette semaine. Mais l’envie d’entreprendre continue de progresser chez les moins de 35 ans. Constatez-vous cette évolution parmi vos étudiants ?

Oui, la jeunesse actuelle n’a rien à voir avec celle d’il y a 10 ans. Entreprendre est devenu, chez beaucoup, une option positive au même titre qu’un contrat salarié. Ces contrats sont, il est vrai, de moins en moins confortables. Mais je pense malgré tout que l’évolution ne se limite pas à cet aspect. Les jeunes sont face à des changements sociétaux majeurs : le climat, la démographie, l’intelligence artificielle, etc. Ils vivent dans un monde d’incertitude. Et pour ne pas subir cette incertitude, certains font le pari de s’installer dans le siège du conducteur et tentent, au contraire, d’exploiter cette situation.

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Pourquoi cet état d’esprit ne percole-t-il pas plus à travers les générations ?

Je suis optimiste. Notre société commence par exemple à reconnaître un droit à l’échec. J’ai été frappé par le cas de Take Eat Easy : il y a 10 ans, les fondateurs se seraient cachés, ils n’auraient pas aussi spontanément partagé leur expérience de jeunes entrepreneurs et les leçons qu’ils tiraient de cette aventure. C’est une fameuse évolution.

Regardez aussi le travail des incubateurs, l’amélioration du statut social des indépendants ou la concrétisation du statut de l’étudiant-entrepreneur. Tout cela contribue à installer les jeunes entrepreneurs dans le paysage. Cette voie est devenue socialement soutenue.

Cette voie se heurte encore à des barrières administratives, toujours considérées comme le principal frein à l’entrepreneuriat, bien avant les impératifs financiers. N’est-ce pas étonnant après toutes les mesures de simplification déjà mises en oeuvre ?

La situation s’est considérablement améliorée mais les formalités administratives restent perçues comme des obstacles. Cela nous montre qu’il y a encore du travail. Comme il y a encore du travail en matière d’égalité entre les hommes et les femmes. La voie de l’entrepreneuriat reste moins évidente, plus compliquée pour les femmes. Les explications sont multiples. Même si les choses évoluent dans le bon sens, les jeunes mamans calibrent davantage leur vie professionnelle en fonction de la vie de famille. Je constate aussi que les filles tendent à développer plus de projets avec une dimension sociale. Or, ces projets ne sont pas les plus simples à financer. Enfin, les rôles modèles ont aussi un impact. Au Venture Lab, nous avons des entrepreneurs en résidence qui accompagnent les porteurs de projets. Nous avons beaucoup de mal à recruter des entrepreneuses pour cette fonction et cela contribue sans doute à perpétuer des stéréotypes.

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