Devrons-nous augmenter le Q.I. de nos futurs bébés pour les sauver de l’esclavage ?

AMID FALJAOUI, RÉDACTEUR EN CHEF DE TRENDS-TENDANCES

Les premiers bébés génétiquement modifiés ont été fabriqués en Chine. C’est par cette phrase terrible que le docteur Laurent Alexandre démarrait sa dernière chronique publiée dans le magazine L’Express. Pour ceux qui ne le connaissent pas, rappelons que ce chirurgien français, diplômé de l’ENA, la fameuse école de l’élite française, est cofondateur du site Doctissimo et entrepreneur en… Belgique dans le domaine de la génétique. Pour faire bref, Laurent Alexandre pense qu’un chercheur chinois, sous prétexte de soigner deux jumelles afin de les protéger du sida contracté par leurs parents, en aurait ” profité ” pour modifier génétiquement leur cerveau.

L’expression ” imbécile heureux ” est un mythe. Et pour cause, l’intelligence est depuis toujours la clé de tous les pouvoirs, les gens pas très intelligents ont toujours été les domestiques des autres.

Selon Laurent Alexandre, ce médecin chinois aurait donc transgressé toutes les règles éthiques. Sans entrer dans un débat scientifique qui me dépasse, ce que je retiens de cette tribune, c’est que si l’expérience chinoise a des effets secondaires négatifs, cela gèlera pour quelque temps les thérapies géniques. Tant mieux, diront la majorité d’entre nous. En revanche, si ces bébés se révèlent plus intelligents que les autres – puisque c’est de cela qu’il s’agit, augmenter le Q.I. des bébés – ce sera alors la ruée.

Le fait que cette première transgression ait lieu en Chine n’étonne qu’à moitié Laurent Alexandre. La raison ? Plusieurs sondages montrent qu’une large partie des Chinois sont prêts à augmenter le Q.I. de leurs bébés grâce aux biotechnologies. Question : si on les laisse agir en ce sens, que vont devenir les bébés européens du futur ? Peut-on ne rien faire alors que la Chine fabriquerait des bébés surdoués à la chaîne ? Comme le fait souvent remarquer Laurent Alexandre, déjà que le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a avoué en juin dernier ne pas avoir de smartphone, peut-on imaginer rester en retard par rapport aux Chinois sur des thématiques aussi cruciales ?

Mais la morale, Monsieur Faljaoui, qu’en faites-vous ? Bonne question, en effet. Mais là aussi, le docteur Laurent Alexandre nous rappelle combien celle-ci est évolutive. Un exemple ? Aujourd’hui, la Belgique fait déjà de l’eugénisme, par l’éradication de la trisomie 21. Et l’ensemble de la société trouve cela très bien. En Belgique, 96% des embryons portant cette anomalie chromosomique font l’objet d’un avortement. Et selon le docteur Alexandre, ” demain, si on a la possibilité non pas d’éliminer les mauvais embryons mais de choisir les bons, il est clair que la société l’acceptera “.

Le praticien va même plus loin. Il estime que, demain, l’Etat encouragera et remboursera les technologies d’eugénisme intellectuel pour empêcher que nous devenions les vassaux des Chinois mais aussi pour éviter que les laissés-pour-compte de ce qu’il faut bien appeler le capitalisme de la connaissance ne fassent la révolution.

Dans ce monde ultra-compétitif de l’intelligence artificielle, ce gourou des nouvelles technologies pense que la démocratisation de l’intelligence biologique s’imposera comme une évidence. Motif ? L’expression ” imbécile heureux ” est un mythe. Et pour cause, l’intelligence est depuis toujours la clé de tous les pouvoirs. Et les gens pas très intelligents ont toujours été les domestiques des autres.

Bref, selon le docteur Alexandre, l’imbécile heureux est ” inconscient peut-être mais heureux, pas du tout “. Voilà donc un nouveau débat en perspective : serons-nous obligés d’augmenter artificiellement le Q.I. de nos futurs bébés pour éviter que ceux-ci ne soient les esclaves des Chinois ?

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