Thalys avance prudemment avec Izy, son offre à petit prix entre Bruxelles et Paris. Environ 400.000 passagers l’ont emprunté en 12 mois. L’offre, à partir de 19 euros par ticket, va croître et les coûts encore diminuer.
Equation complexe pour Thalys, le train à grande vitesse qui relie Bruxelles à Paris, Amsterdam et quelques villes allemandes : depuis 10 ans, sa fréquentation stagne à environ 6,6 millions de passagers par an. Pour relancer la croissance, le transporteur a lancé en avril 2016 un service low cost, Izy, deux à trois fois par jour. Les 12 premiers mois ont rassuré la direction de THI Factory, la société qui gère Thalys. Les deux TGV mis en service ont attiré 400.000 passagers, un beau résultat malgré un démarrage difficile dû aux attentats.
La crainte était d’assister au transfert de la clientèle du Thalys vers Izy. Sur ce point, Agnès Ogier, CEO de la société Thalys, est rassurée : 60 % des passagers d’Izy n’avaient pas l’intention de voyager en train. Le nouveau service apporte donc une vraie croissance. Le transporteur passe cet été à une deuxième phase, en augmentant l’offre de sièges tout en continuant à réduire les coûts. Le modèle d’Izy est d’opérer à moindres frais : tickets vendus uniquement sur le Net et rames roulant sur les lignes classiques en France, pour économiser sur le péage ferroviaire, d’où un trajet de 2h15 au lieu d’1h22 en Thalys à grande vitesse.
Moins de fréquences, plus de sièges
Pour baisser encore les coûts, Thalys fera rouler à partir de juin, en période de forte fréquentation, des rames doubles pour son service Izy qui proposera ainsi quelque 710 places. ” Faire rouler des rames doubles ne coûte pas beaucoup plus cher en péage qu’une rame simple “, indique Bruno Dierickx, directeur commercial de Thalys. Cela réduira le coût par siège. Ces astuces permettront d’augmenter de 6 % le nombre de sièges offerts tout en réduisant les fréquences. Les tarifs resteront les mêmes : à partir de 19 euros pour les réservations à l’avance, et 59 euros maximum à la dernière minute (par trajet). Et 15 euros sur les strapontins.
Izy est inspiré du TGV low cost lancé par la SNCF en France, Ouigo, pour répondre à la concurrence des bus et du covoiturage (BlaBlaCar). Thalys subit une compétition similaire car ses tarifs sont parfois jugés fort élevés. Un aller simple par Paris se vend à partir de 29 euros si l’on s’y prend tôt, mais une réservation pour la semaine suivante est généralement vendue 99 euros (soit 198 euros aller-retour). Du coup, nombreux sont les expatriés français à parfois préférer voyager avec BlaBlaCar pour visiter leur famille à Paris. Les 22 euros de frais compensent les trois à quatre heures de route. La plateforme propose environ 1.500 places par semaine entre les deux capitales.
Pour Thalys, la croissance devait passer par des tarifs très bas. Brader les prix sur la grande vitesse aurait été risqué pour l’équilibre des comptes, car les coûts sont élevés et les subsides interdits pour les trajets internationaux. D’où la réponse Izy : une offre très différenciée, plus lente, à des tarifs réglés pour affronter les bus et le covoiturage.
ROBERT VAN APELDOORN
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