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“Comment les autorités cassent l’activité”

Chacun connaît les plateformes du type Airbnb. Celles-ci ne louent elles-mêmes aucun bien immobilier et leur seul apport réel est de mettre aisément, en quelques clics, en contact, des propriétaires particuliers ou non avec des personnes souhaitant bénéficier d’une location à court terme.

Il ne s’agit que d’un type perfectionné d’intermédiation, mais le succès rencontré par la formule démontre qu’elle suffit à transformer les habitudes des gens. Elle permet aux propriétaires de trouver des locataires qu’ils ne rencontreraient jamais, et elle donne accès à des maisons et des appartements meublés à des touristes, ou autres visiteurs, qui ne souhaitent pas recourir à l’hôtel ou ne peuvent se permettre le coût de celui-ci. Un peu comme les compagnies aériennes low cost, ces plateformes qui, elles, ne font que mettre les parties en contact, favorisent le tourisme, bien davantage que tous les services publics destinés à atteindre cet objectif, en créant des bureaux, en donnant des subsides ou en recourant à d’autres méthodes coûteuses pour les deniers publics.

Pourtant, les autorités, et particulièrement celles des villes, n’apprécient pas ce type de plateformes et sèment le maximum d’embûches au développement de leurs activités. On a vu récemment un échevin de la ville de Bruxelles annoncer fièrement la mise de scellés sur un bien immobilier dont le propriétaire n’avait apparemment pas respecté la réglementation l’obligeant à déclarer cette coupable ” activité ” consistant à louer à court terme sur une plateforme plutôt qu’à plus long terme à des locataires autochtones. La Ville de Bruxelles n’est d’ailleurs pas la seule à s’engager dans cette course à la réglementation. Paris et Barcelone ont suivi la même voie.

Si l’on veut réellement mettre sur pied d’égalité les établissements hôteliers et les plateformes de locations touristiques, il y a une méthode très simple : la libéralisation.

On peine à trouver une explication raisonnable à ces multiples réglementations. Personne n’a justifié jusqu’à présent qu’il y ait une particulière nécessité de défendre le consommateur confronté à ce genre de location. Les plaintes ne sont manifestement pas plus fréquentes que celles concernant les hôtels officiellement reconnus ou les autres types de locations dûment autorisées. Il en est tout simplement ainsi parce que la vraie protection du consommateur ne vient pas des autorisations et autres inspections par les pouvoirs publics, mais bien davantage de la publicité, sur les plateformes elles-mêmes, infligée aux loueurs indélicats par leurs propres clients.

On ne voit pas, par ailleurs, pourquoi il faudrait respecter des règles de sécurité différentes lorsqu’on loue à court terme, plutôt que pour une location à long terme. Ni pourquoi le loueur qui met à la disposition un bien meublé devrait faire l’objet de plus de contrôle que si sa location portait sur un bien vide.

Clairement, l’explication ne peut résider que dans la volonté systématique des autorités de tout contrôler. Puisque les hôtels sont soumis à des règles draconiennes, et souvent parfaitement inutiles, qu’ils sont inspectés, contrôlés, et taxés, on parle de ” concurrence déloyale “, lorsque de simples particuliers mettent à disposition des biens en fournissant des services qui peuvent plus ou moins se rapprocher de services hôteliers. Ceux qui émettent cette critique sont en général ceux qui ne sont pas capables d’utiliser le mot ” concurrence “, sans y ajouter, par un réflexe de type pavlovien, le mot ” déloyal ” ; pour eux, l’idée même de concurrence, caractéristique du secteur privé, leur paraît un signe de déloyauté en soi.

Pourtant, si l’on veut réellement mettre sur un pied d’égalité les établissements hôteliers et les plateformes de locations touristiques, il y a une méthode très simple, qui est celle de la libéralisation. Il suffirait de supprimer l’essentiel des règles qui pèsent sur les hôtels et entravent leur activité, et de réduire sensiblement leurs charges pour qu’ils n’aient pas à subir une concurrence inégale avec les simples particuliers, non organisés, et qui ne sont pas censés utiliser les mêmes méthodes de gestion qu’eux. Mais bien sûr, pour nos autorités, qui considèrent les taxes et les règlements comme essentiels à leur activité, et donc à leur pouvoir, cette idée même est inimaginable.

C’est la même attitude autoritaire et rétrograde qui est la vraie raison du conflit entre les taxis et les plateformes de type Uber. Il est logique que les taxis se plaignent de supporter de multiples charges, obligations et contrôles, alors que leurs concurrents nouveaux n’en font pas l’objet. Plutôt que d’entraver l’activité des uns et des autres de la même manière, ne serait-il pas plus raisonnable de libéraliser cette activité, comme celle de la location d’immeubles à court terme ? Pour cela, il faudrait enfin se rendre à l’évidence qu’on peut se passer des autorités et laisser le progrès tracer son chemin.

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