Ce Belge numéro 2 de Disneyland Paris

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Son accent ne trahit pas ses origines namuroises. Pourtant, Daniel Delcourt revendique sa nationalité belge, même s’il est, depuis des années, au service du parc Disneyland Paris. Destiné à reprendre la boucherie familiale, l’homme a pourtant suivi une trajectoire très différente le menant à diriger 12.000 personnes à Paris. Un parcours digne d’un scénario de Disney.

Les contes Disney commencent généralement par le traditionnel ” Il était une fois ” pour se terminer par un, très classique, ” Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants “. L’histoire de Daniel Delcourt, actuel n°2 du parc Disneyland Paris pourrait, elle aussi, s’apparenter à l’un des contes de fées dont le géant américain du divertissement a le secret. Ce diplômé de l’école hôtelière de Namur dirige aujourd’hui l’ensemble des opérations de la première destination touristique d’Europe. Au total, depuis 2014, 12.000 des 15.000 personnes qui travaillent pour le parc d’attractions lui rendent des comptes (il n’est toutefois pas responsable des 3.000 personnes au niveau corporate qui sont en charge des finances, des ressources humaines, de la communication, etc.).

Pourtant, c’est dans la boucherie familiale que Daniel Delcourt aurait dû évoluer. Ses parents tenaient en effet un commerce qu’il aurait, en toute logique, été amené à reprendre. Mais alors qu’il est en stage à Paris chez un traiteur du 13e arrondissement, l’homme sent rapidement que l’activité ne lui convient pas. C’est alors au Club Med qu’il commence à faire ses premières armes dans l’hôtellerie, en tant que moniteur de sport. Il passe finalement 10 années au Club, notamment comme Chef de Village et découvre de nombreux clubs à travers le monde. Mais au moment de la naissance de son fils, Daniel Delcourt décide de trouver un job qui offre plus de stabilité et devient directeur d’un hôtel de 152 chambres aux Deux Alpes. Il s’y plaît trois ans puis veut retrouver les avantages d’une grosse structure. Il décroche alors un poste de manager de resto à Disneyland Paris. Il gérera le Hunter’s Grill de l’hôtel Sequoia qui emploie 34 personnes. Trouvant le ” produit ” dégradé, Daniel Delcourt redynamise l’établissement en retravaillant le concept de restauration. Son chiffre d’affaires augmente rapidement et le manager prend sous sa responsabilité le deuxième restaurant de l’hôtel, puis le bar.

Résolution de conflits sociaux

Son dynamisme et sa capacité à gérer les équipes impressionnent. Aussi, le responsable du parc voit en lui l’homme providentiel pour régler les conflits latents au Disney Village, l’allée commerçante à l’entrée du parc. ” A cette époque, il existait quelques conflits sociaux au Disney Village et il a fallu mettre en place un plan de motivation pour le personnel là-bas “, se souvient Daniel Delcourt. Concrètement : le Belge a alors développé une série d’activités dans le Disney Village. Des groupes sur scène de manière régulière, des périodes à thèmes. En 1998, il a ainsi imaginé des soirées en lien avec les équipes de la Coupe de Monde pour faire vivre le lieu au rythme du foot. Un énorme succès à entendre Daniel Delcourt. De quoi être propulsé directeur du Ranch Davy Crockett et du Golf, où c’est dans l’adversité qu’il se distingue. Alors que 250 bungalows de l’hôtel ont été sinistrés par une violente tempête en 1999 et que l’établissement n’a plus pu être proposé aux visiteurs du parc pendant plusieurs mois, Daniel Delcourt doit rappeler l’existence du Davy Crockett au réseau des revendeurs. Il décide de marquer les esprits en transformant le plateau où se trouvaient les téléopérateurs en… ferme. ” Nous avions amené durant la nuit des poules, des vaches et des poneys, et nous avions transformé leur lieu de travail en ferme, se souvient, amusé Daniel Delcourt. Cela a totalement surpris les vendeurs. Le plus difficile a été de réitérér la prouesse en Angleterre puisque les vendeurs se trouvaient au coeur de Londres. Nous avons loué des animaux à des fermiers locaux. C’était incroyable ! ”

Daniel Delcourt réussit son pari et se voit confier encore quelques missions avant d’être propulsé à la division spectacles du parc qui connaît également des remous sociaux. L’univers des spectacles Disney, Daniel Delcourt le découvre en gérant plus de 500 artistes, d’abord uniquement sous l’aspect opérationnel puis également artistique. Une expérience unique pour lui. ” J’y ai laissé une partie de mon coeur, avance-t-il. Cette division constitue véritablement le coeur du produit Disney. C’était inoubliable de donner vie à des idées. ” Pour résoudre les tensions avec les employés, Daniel Delcourt affiche toujours la même méthode : ” être transparent, insiste-t-il. L’important consiste à faire ce que l’on dit et surtout à ne pas faire de promesses que l’on ne pourra tenir. Grâce à cela, j’ai obtenu le crédit des équipes. ” Et de la direction de Disneyland Paris qui le nomme ensuite à la tête de tous les hôtels du parc et de la division business.

Dans le parc de Walt

Mais, quelques années plus tard, c’est la proposition de partir en Californie qui excite par-dessus tout Daniel Delcourt. Le groupe a pensé à lui pour gérer trois hôtels dans Downtown, l’équivalent du Disney Village à Annaheim, le parc historique de la galaxie Disney. Et même si, en France, le Namurois d’origine gérait bien plus que trois hôtels, il ne le voit pas comme une marche-arrière dans sa carrière. ” Là-bas, il ne s’agit pas juste d’un parc à thème, confie-t-il. Disneyland constitue une institution aux Etats-Unis. C’est là-bas que j’ai pu en prendre conscience. Travailler au sein du parc où a vécu Walt Disney était fabuleux. J’y ai appris beaucoup de choses. ” En plus de se créer un réseau qui lui sert encore aujourd’hui, Daniel Delcourt a également appris ce goût du service poussé à l’extrême qu’il tente d’appliquer à tout instant dans le parc parisien qu’il gère depuis son retour de Californie.

Entièrement dédié à son activité, le chief operating officer du parc se voit comme ” le maire de la ville ” Disney qui compte 19.000 habitants quand le parc est complet. Disponible 24 h sur 24 et habitant à quelques minutes seulement du célèbre parc de Mickey, Daniel Delcourt se veut on the call, comme il dit. Ce cycliste régulier (il parcourt chaque semaine 100 km) se souvient d’ailleurs de ce jour où, appelé en urgence alors qu’il commençait une balade à vélo, il est arrivé au centre de crise en habits bariolés de cycliste.

Rendez-vous mensuel avec les équipes

Aussi, l’homme se dit très à l’écoute de ses équipes. Et cela semble dépasser le simple discours pour Daniel Delcourt, qui dispose de deux bureaux. L’un à côté de celui de Catherine Powell, présidente directrice générale. L’autre dans le parc où il passe deux jours par semaine. ” Cela me permet de rester dans la réalité du terrain et de rectifier rapidement le tir, précise-t-il. Le risque à ce type de fonction serait de ne rester en contact qu’avec les vice-présidents qui m’entourent et d’être déconnecté. ” Il veille aussi à rencontrer chaque mois les équipes de terrain, les fameux cast members, lors de tables rondes. C’est suite à certaines d’entre elles qu’il dit avoir installé des fours à micro-ondes dans les coulisses de spectacles ou des machines de paiement mobile aux roulottes de ventes de ballons.

Aujourd’hui à la tête des opérations du parc parisien, Daniel Delcourt mise énormément sur la qualité de l’accueil, une priorité probablement venue de son passage aux States. Mais qui ne semble pas un vain mot. L’homme a mis en place un plan d’attaque. ” Pour réengager les cast members sur la courtoisie à la veille du 25e anniversaire du parc, nous avons développé une formation orientée sur cette question, plaide le Belge exilé au pays de Mickey. Des membres du personnel ont ainsi été désignés ” ambassadeurs de la courtoisie ” et chargés de donner des modules de formations aux autres cast members. Au total, on a déjà formé les 8.000 employés en contact direct avec les visiteurs. ” Une seconde phase sera également agrémentée de modules de langues pour aider le personnel à être plus à l’aise avec l’anglais et l’espagnol.

Côté privé, Daniel Delcourt aime le sport. Outre le vélo, il aime la natation et nage au moins 5 km par semaine. Il adore également le hockey sur glace, en tant que spectateur. D’ailleurs, son bureau le trahit : des chandails de hockey y parsèment les murs. Et le responsable admet se lever la nuit pour regarder en direct certains matchs qui se déroulent sur le continent américain.

Christophe Charlot

” A cette époque, il existait quelques conflits sociaux au Disney Village et il a fallu mettre en place un plan de motivation pour le personnel là-bas.”

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