Caryl Férey lève le voile

Double actualité pour ce poids lourd du roman noir hexagonal. Outre la sortie chez Paulsen de Norilsk, un récit de voyage dans cette ville au nord de la Sibérie, l’auteur de Zulu – adapté au cinéma avec Forest Whitaker – propose une plongée photographique dans les coulisses de Condor, son précédent thriller.

Parce que comme quasi à chaque fois, cet écrivain rock biberonné aux Clash, à David Bowie et Jacques Brel, part en repérages sur les lieux du crime avec sa bande de potes. Accompagné du photographe et vidéaste Romain Tanguy, Caryl Férey nous livre son making of, en quelque sorte. ” Les fantômes des disparus hantaient les chaînes montagneuses, contrastes saisissants avec nos mines fatiguées par la route et les pisco sour “, écrit-il en majuscules sur une double page représentant une route dans un décor saisissant, comme échappé d’un western moderne.

Les images – Tanguy a un sens du cadre précis – capturent les paysages hypnotiques, comme ces lacs de montage à 4.000 ou 5.000 mètres d’altitude, ou ce ciel de feu sur le fleuve Bio-Bio, traversé à la nuit tombée. Certains clichés, comme ceux de la Villa Grimaldi, principal centre de torture de Santiago pendant la dictature, sont plus durs et rappellent l’histoire extrêmement compliquée et sanglante du Chili. Ce bel ouvrage est aussi une porte d’entrée ludique pour découvrir l’univers d’un auteur fougueux qui fonctionne à l’adrénaline pure.

Caryl Férey, Romain Tanguy, ” Chili, la diagonale du Condor “, éditions Gallimard, 272 pages, 35 euros.

PH.M.

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