Cap sur le Sud marocain

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La Fédération internationale de la diaspora marocaine a organisé une table ronde consacrée aux opportunités d’investissements dans les provinces du Sud marocain. L’occasion de découvrir un Maroc moins touristique mais qui entend bien s’inscrire pleinement dans le développement économique du royaume chérifien.

Fondée en juin 2015 à l’initiative d’un groupe de Marocains résidant en Belgique, la Fédération internationale de la diaspora marocaine (FIDM) a pour objectif de créer des ponts entre les Marocains porteurs de projets et leur pays d’origine. Elle mène diverses actions afin de ” faire connaître le Maroc intellectuel et le Maroc des affaires “. C’est dans ce cadre qu’elle a récemment organisé une première table ronde consacrée aux opportunités d’investissements dans les provinces du Sud marocain. Au nombre de 10, ces dernières s’étendent majoritairement sur le territoire disputé du Sahara occidental et couvrent plus de 250.000 km2, soit plus d’un tiers du pays (710.000 km2). Le Sud marocain est composé de trois régions : Guelmim-Oued Noun, Laâyoune-Sakia El Hamra et Dakhla-Oued Eddahab. ” Les provinces du Sud présentent un fort potentiel de croissance, souligne Saïd Aboukaram, président de la FIDM. C’est pourquoi nous avons souhaité inaugurer la série de tables rondes sur les opportunités d’investissements au Maroc par ces régions. ”

Hub africain

En ouverture de la table ronde, l’ambassadeur du Maroc, Mohamed Ameur a rappelé ” les excellentes relations qu’entretiennent le Maroc et la Belgique tant sur le plan culturel, humain qu’économique. Même si sur ce dernier point, nous sommes en deçà des attentes par rapport au potentiel existant entre les deux royaumes “. Et de s’interroger dans la foulée pour quelles raisons ces dernières ne sont pas à la hauteur des relations culturelles et humaines. L’ambassadeur retient deux éléments de réponse : ” D’une part, les investisseurs potentiels ont en tête l’image d’un Maroc qui est la chasse gardée de certains pays. Ce n’est absolument pas le cas. Certes, il existe des relations privilégiées avec la France mais notre premier partenaire commercial est aujourd’hui l’Espagne et la Chine est impliquée dans de grands projets. D’autre part, les provinces du Sud sont souvent appréhendées sous l’angle politique dans le contexte du conflit entre l’Algérie et le Maroc. Je souhaite ici mettre en avant la dynamique de développement en cours dans une région qui ambitionne de se positionner dans l’avenir comme hub africain entre le Nord et le Sud. ”

Le nord et le centre du Maroc sont beaucoup plus connus des entrepreneurs et touristes belges que le sud. Ce sont également les régions les plus proches de l’Europe et les plus dynamiques du pays. Si une large part de l’économie se concentre sur l’axe Rabat-Casablanca, entre la capitale et la ville la plus peuplée, le Maroc entend bien investir sur l’ensemble du territoire. En termes d’investissements, les objectifs fixés par le gouvernement s’élèvent à 18 milliards de dollars par an et de 4,5 à 5,5 % en termes de croissance annuelle du PIB pour la période 2017-2021. Des investissements qui ne concernent pas seulement les filières classiques que sont l’agriculture, la pêche, le textile ou l’exploitation minière mais également l’industrie et les services où le Maroc se distingue de plus en plus. Et cela même si le pays, qui détient les plus grandes réserves de phosphate de la planète, est le troisième producteur mondial avec 30 millions de tonnes par an, derrière la Chine et les Etats-Unis et joue un rôle de premier plan avec l’Office chérifien des phosphates (OCP). Ce dernier est présent chez nous dans le capital de Prayon aux côtés de la SRIW.

Acteur émergent

Choukri Maghnouj, président du cabinet Arsen Consulting détaille l’environnement d’affaires au Maroc : ” Le pays compte 34 millions d’habitants et affiche un PIB de l’ordre de 105 milliards de dollars. On note le développement des capacités exportatrices à forte valeur ajoutée dans des secteurs tels que l’aéronautique, l’automobile ou encore l’électronique qui se démarquent des secteurs traditionnels que sont le textile, le phosphate, l’agriculture, etc. Par ailleurs, les investissements directs étrangers se portent sur ces secteurs à forte valeur ajouté avec des acteurs tels que Renault, Peugeot, Bombardier. Le Maroc est aujourd’ hui la deuxième plateforme automobile africaine après l’Afrique du Sud. Casablanca est la première place financière du continent et 33e au niveau mondial. Il convient également de souligner le poids croissant de la Chine avec notamment le projet de la Cité Mohammed VI Tanger Tech, une smart city industrielle qui va accueillir plus de 200 entreprises chinoises et devrait générer 100.000 emplois. Enfin, le Maroc se positionne également parmi les leaders en ce qui concerne l’énergie solaire. ”

Il s’est ensuite penché plus spécifiquement sur les régions du Sud et les opportunités d’investissement. Ces dernières années, l’Etat marocain a engagé une politique volontariste dans ces régions qui étaient relativement délaissées. Le plan de développement régional initié par le roi Mohamed VI vise à ancrer les régions du Sud dans la dynamique économique et sociale du pays. Ces régions présentent des profils différents. Ainsi, la région de Laâyoune-Sakia al Hamra occupe une position centrale et concentre l’essentiel des infrastructures, administrations et services. Celle de Dakhla-Oued Eddahab est la plus australe et représente 20 % de la superficie totale du pays. Son territoire est dans l’ensemble désertique et aride mais, selon ses représentants, elle regorge de potentialités importantes, surtout au niveau des secteurs de la pêche, des énergies renouvelables (éolien et solaire) ainsi que du tourisme.

” Les régions du Sud sont baignées par l’Atlantique et envisagent de développer un tourisme différent qui s’inscrit dans une démarche durable, reprend Choukri Maghnouj. Il y a de multiples endroits remarquables d’un point de vue écologique, notamment de superbes spots pour la plongée. ”

Potentiel touristique

Hatim Khalid, représentant de la région de Laâyoune-Sakia El Hamra, confirme le potentiel touristique du Sud marocain : ” Nous disposons de quelque 500 km de littoral où le tourisme peut être développé. Si nous sommes situés plus loin que les principales destinations touristiques du Maroc, il faut relativiser la distance puisque nous sommes à hauteur des îles Canaries qui accueillent bon an mal an quelque 16 millions de touristes. En outre, nous n’allons pas seulement développer le potentiel qu’offre la mer mais également celui du désert, avec le Sahara. ”

Si le potentiel touristique de ces régions est indéniable, elles n’entendent pas pour autant mettre tous leurs oeufs dans le même panier. D’autres projets sont en cours de développement et présentent de belles perspectives de croissance, notamment dans l’aquaculture. La pêche est un secteur important pour le pays qui est le premier pays euro-méditerranéen exportateur de produits de la pêche et de l’aquaculture vers l’Union européenne. Dans le même ordre d’idées, les énergies renouvelables sont également prometteuses sans oublier les secteurs traditionnels que sont l’agriculture et le phosphate qui contribuent également au dynamisme du royaume chérifien.

GUY VAN DEN NOORTGATE

” Les régions du Sud sont baignées par l’Atlantique et envisagent de développer un tourisme différent qui s’inscrit dans une démarche durable. ” – Choukri Maghnouj (Arsen Consulting)

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