Autant en emporte le vent

La Claret Jug, l'un des trophées les plus prestigieux du golf mondial. © PG

C’est une tradition ancrée dans le sacro-saint gazon britannique. Chaque année, depuis 1860, ” The Open ” se dispute sur un links certifié conforme, lisez un parcours de bord de mer balisé par les dunes. Cette fois, du 19 au 22 juillet, c’est le terrible parcours écossais de Carnoustie qui accueille le légendaire tournoi du Grand Chelem. ” Lorsque le vent souffle, c’est l’un des links les plus difficiles du monde. Et lorsqu’il ne souffle pas, c’est exactement pareil “, ironisait, avec un humour tout britannique, Sir Michael Bonnallack, figure emblématique du golf anglais.

C’est un bon résumé. A l’instar de Shinnecock Hills, récent hôte de l’US Open, Carnoustie représente le défi suprême. Le parcours est long (plus de 6.700 mètres), exigeant (par 71) et balisé par des pièges : du rough épais, des colliers de bunkers, des ajoncs et des bruyères. Avec, pour couronner l’ensemble, des greens diaboliques !

Ce championship course est l’un des 10 plus anciens au monde. Il a été créé en 1842. Au fil de son histoire, le dessin a été plusieurs fois modifié mais il a conservé son esprit initial. Ici, c’est la nature qui dicte sa loi, quitte à rendre fou les joueurs les plus aguerris. Le champion français Jean Van de Velde est intarissable sur le sujet. Lors du British Open de 1999, largement en tête au départ du dernier trou, il pensait avoir le trophée en poche. Mais, submergé par l’émotion et usé mentalement, il perdit pied, au propre comme au figuré. Déboussolé, il envisagea même de jouer sa balle dans le petit ruisseau qui jouxte le green. A l’arrivée, il concéda un triple bogey, perdit toute son avance et fut battu en playoff par Paul Lawrie.

C’est l’un des plus vieux parcours du monde et l’un des plus difficiles.

Terre de drames, Carnoustie favorise les défaillances, un peu comme le mont Ventoux lors du Tour de France. C’est un juge suprême qui ne laisse pas le moindre répit. Chaque trou est différent et implacable. Ce links made in Scotland a déjà accueilli sept fois The Open, sacrant des champions du niveau de Tommy Armour, Henry Cotton, Ben Hogan, Gary Player, Tom Watson ou Padraig Harrington.

Sur ce parcours pavé de mauvaises intentions, l’édition 2018 s’annonce forcément exceptionnelle avec, en toile de fond, à deux mois de la Ryder Cup, un duel subliminal entre Européens et Américains. L’an passé, le Texan Jordan Spieth avait mis tout le monde d’accord au Royal Birkdale. Il fera encore partie de la conquérante armada américaine avec Dustin Johnson, Brooks Koepka, Rickie Fowler, Justin Thomas et, bien sûr, Tiger Woods. L’ancien n°1 participera à son 20e Open avec le secret espoir de remporter sa quatrième Claret Jug. Côté européen, les candidats à la victoire se bousculeront aussi au tee n°1. Un joueur anglais n’a plus remporté le tournoi depuis Nick Faldo en 1992. L’occasion est belle pour Justin Rose, Paul Casey, Tommy Fleetwood, Ian Poulter, Tyrrell Hatton ou Matthew Fitzpatrick de vaincre enfin le signe indien.

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