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Les véritables leçons de Ford et d’Arcelor Mittal

Des “solutions structurelles” exigent une toute nouvelle approche de la politique socio-économique.

Nous étions tous en rage contre la direction de la multinationale Ford quand la décision de fermer l’usine de Genk est tombée.

Maintenant nous tapons tous sur la direction d’une autre multinationale, Arcelor Mittal, suite à la suppression de 1300 emplois dans une Wallonie déjà gravement sinistrée.

Mais après les reproches et les accusations, il serait utile de regarder en face la véritable réalité autour de ces débâcles économiques et ces catastrophes en terme d’emplois.

L’indignation étalée par certains hommes politiques ne représente d’ailleurs rien d’autre qu’une tentative de détourner l’attention sur leurs responsabilités.

Alors que notre situation géographique et la qualité de notre potentiel d’emploi continuent à offrir de belles perspectives en matière d’activité économique et industrielle, les entreprises et entrepreneurs doivent affronter un nombre croissant d’obstacles.

Notre pression fiscale élevée et la complexité souvent assortie de l’inefficacité de la réglementation constituent des handicaps importants. La même chose vaut pour nos coûts salariaux relatifs qui imposent à nos entreprises un handicap concurrentiel d’au moins 10%. Et puis il y a l’attitude carrément hostile de certains politiques et dirigeants de syndicats vis-à-vis des entrepreneurs et des entreprises. Si l’économie tout entière entre en récession, ces facteurs négatifs pèseront très lourd sur la volonté d’entrepreneurs de prendre des risques, de créer des jobs et d’investir.

La ministre flamande du travail, Monica De Coninck, a immédiatement fait savoir qu’il faut chercher des “solutions structurelles”, autant sur le plan régional que fédéral, et de préférence les deux. Deux pistes sont néanmoins à proscrire.

Premièrement, les prépensions et autres formes de sortie prématurée sont absolument inadmissibles. La simple réalité est qu’en tant que communauté nous n’avons plus les moyens de financer de telles interventions. En outre, la période de pénurie systématique sur le marché de l’emploi approche à grands pas. Il faut donc investir en réadaptations professionnelles et en formations, de préférence assorties de stimulants financiers pour tous les intéressés.

Deuxièmement, il faut bannir toute forme de subsides supplémentaires ou d’investissements publics dans les installations qu’Arcelor Mittal ne considère plus comme rentables. Mittal et Ford , sont des entreprises désireuses de faire des bénéfices et d’agir selon ce principe. Il est vraiment insensé de penser qu’ils fermeraient sans raison des entités rentables.

Dans le passé, nos gouvernements s’imaginaient qu’ils étaient mieux informés des projets industriels que les entreprises privées et les investisseurs. Cela s’est toujours mal terminé. Socialement, le coût à long terme revenait toujours beaucoup plus cher que le soulagement acquis à court terme.

Que Ford et Arcelor Mittal fassent office de réveil. Le gouvernement Di Rupo peut nous soûler de bonnes nouvelles, la dure réalité nous montre que la compétitivité des entreprises belges est gravement atteinte, que l’emploi continuera à se détériorer, qu’un tiers de l’assainissement structurel des finances publiques a seulement été réalisé et que nous ne sommes plus attirants en tant que zone d’investissement.

La Belgique dispose toujours d’atouts, mais à condition d’introduire de véritables mesures de relance, qui, malheureusement, exigent un changement fondamental du modèle socio-économique auquel certains groupes de la société continuent à se cramponner. Les solutions sont connues malgré toute la rhétorique à ce sujet : agissez sur les coûts salariaux, assainissez les finances publiques de façon crédible, allégez la pression fiscale de façon intelligente et ne jetez pas l’entrepreneuriat à la poubelle.

Johan Van Overtveldt

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