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Les rapports ambivalents du luxe avec la Bourse

Les rumeurs touchent souvent le secteur du luxe, surtout les marques qui conservent une emprunte familiale. Tout bon pour faire grimper leur valeur?

L’industrie du luxe adore les grandes familles. La meilleure preuve, c’est que la plupart des grandes marques de luxe appartiennent encore à des familles. Mais le problème avec les familles, et en particulier les grandes familles, c’est qu’elles se disputent parfois. Et une dispute, ça n’est jamais gai. Sauf en Bourse, où on adore les disputes de familles, surtout quand elles permettent à un troisième larron de mettre d’accord l’ensemble de la famille en rachetant tout bonnement l’entreprise.

C’est un peu ce qui s’est passé ces derniers jours autour de l’action du maroquinier Hermès. Les spéculateurs adorent cette entreprise et ils l’ont montré ces dernières semaines en faisant grimper l’action à un point tel qu’aujourd’hui, Hermès vaut plus que le groupe de luxe français PPR. Or PPR n’est pas le premier venu dans le secteur: c’est à la fois la Fnac, Conforama, Gucci et Yves Saint-Laurent. En clair, Hermès pèse en Bourse plus que ces quatre marques réunies, alors que celles-ci ont un chiffre d’affaire dix fois plus important.

Le problème par rapport au scénario de la famille qui se dispute, c’est que si la famille Hermès rassemble une soixantaine de membres de cinquième et sixième génération, cette famille reste encore soudée. En tous les cas en apparence. Et de plus, la famille a même verrouillé le capital de la société via un mécanisme juridique sophistiqué. La question est alors de savoir pourquoi tant de spéculation autour de cette action. En fait, certains pensent que des hommes d’affaires avisés comme Albert Frère et Bernard Arnault sont prêts à courtiser certains membres de la famille pour les inciter à vendre leurs parts. Vrai ou faux, cela n’a visiblement pas d’importance. C’est la rumeur qui compte en Bourse.

En revanche, au-delà de la rumeur, ce qu’il est intéressant de noter, c’est que pour les grands groupes de luxe, la manière la plus évidente de grandir, c’est de racheter les dernières grandes marques qui restent encore indépendantes. Et ces dernières savent qu’elles valent de l’or. C’est pourquoi elles ne sont pas pressées de se vendre au premier venu, ni à n’importe quel prix. Ainsi, Giorgio Armani, qui n’a pas d’héritier et qui a un âge certain, prend un certain plaisir à ne rien décider sur l’avenir de sa griffe. Quant à des maisons comme Versace, Ferragamo ou Prada, elles parlent régulièrement de se faire coter en Bourse. Mais à chaque fois la décision est reportée, sans doute par peur de perdre le contrôle de l’entreprise familiale.

C’est donc bien cette rareté des sociétés cibles qui donne corps à toutes ces rumeurs. Pour le plus grand plaisir des spéculateurs.

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