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Les quotas, oui. Les “jupes dorées”, non merci !

Les sociétés cotées et les entreprises publiques autonomes de Belgique auront sept ans pour compter 30 % de femmes dans leur conseil d’administration. Elles sont néanmoins nombreuses à craindre que les femmes présentes dans ces conseils soient stigmatisées comme “faisant partie des quotas”…

Mercredi passé, nos voisins d’outre-Quiévrain ont adopté une proposition de loi qui vise à féminiser les conseils d’administration. Les 650 sociétés cotées en Bourse à Paris ont six ans pour veiller à ce que 40 % des sièges du conseil d’administration soient occupés par des femmes. Le législateur a prévu une étape intermédiaire : d’ici trois ans, les sociétés devront avoir 20 % d’administratrices. Et si ces quotas ne sont pas respectés ? C’est la nullité des nominations et des délibérations des conseils mal composés.

Les Français ont ainsi suivi les initiatives lancées par la Norvège qui, dès 2003, a estimé que 40 % des conseils d’administration des entreprises cotées devaient être composés de femmes. Six ans plus tard, les dames représentent 44 % des administrateurs, contre 7 % en 2003. La Finlande et, plus récemment, l’Espagne, se sont inscrites dans le même mouvement, suivies par la France la semaine passée. La Belgique n’est pas en reste. Notre ministre de l’Emploi et de l’égalité des chances, Joëlle Milquet, a déposé un projet de loi similaire à l’automne passé. Les conditions y sont un peu plus souples : les sociétés cotées et les entreprises publiques autonomes auront sept ans pour compter 30 % de femmes dans leur conseil d’administration.

On pourrait croire qu’une telle loi recueille le soutien des femmes. Or, les quotas rencontrent souvent une opposition au sein de la gent féminine. Nombreuses sont celles qui préfèrent promouvoir l’autorégulation ou la fixation d’objectifs spécifiques pour chaque entreprise. Leurs craintes ? Que les femmes, présentes dans les conseils, soient stigmatisées comme “faisant partie des quotas” et ne soient pas reconnues pour leurs compétences. Bref, d’être baptisées, comme ce fut le cas parfois en Norvège, de golden skirts (jupes dorées).

Je partageais ce point de vue jusqu’à récemment. Mais force est de constater que l’évolution naturelle est très lente. La commission anglaise pour l’égalité et les droits universels a ainsi calculé qu’à l’allure actuelle, il faudra encore attendre 60 ans pour que les conseils d’administration du FTSE 100 (l’indice phare de la Bourse de Londres) affichent une parfaite mixité ! En Belgique, le pourcentage de femmes au sein des conseils d’administration est passé de 4,2 % à 8 % entre 2004 et 2009. Mais ce taux se situe encore largement en dessous de la moyenne européenne. En 2008, l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes a constaté que 62 % des entreprises cotées en Belgique ne comptaient toujours aucune femme dans leur conseil d’administration et que 29 % en dénombraient seulement une…

Or, différentes études publiées notamment en 2007 par le consultant McKinsey et le groupe d’études Catalyst, concluaient que les entreprises européennes et américaines comptant plus de trois femmes dans leur conseil d’administration affichaient une meilleure rentabilité. Surfant sur ce constat, le fonds suisse Naissance Capital vient de créer un fonds spécifique, Women’s Leadership Fund, qui investira exclusivement dans des sociétés dont le conseil d’administration affiche une bonne mixité.

Pour accélérer la diversité autour de la table des conseils d’administration, les quotas me paraissent donc un mal nécessaire. Et pour éviter la dénomination de golden skirts, pourquoi ne pas lancer une initiative similaire à celles créées en Grande-Bretagne et en Norvège où des CEO – ou l’équivalent de notre FEB en Norvège – assurent le mentoring des futures administratrices, identifiées par d’autres patrons, afin de doper leurs compétences et d’alimenter de manière bénéfique le débat au sein des conseils.

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