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Les produits chinois sont irremplaçables !

En période de crise, surtout quand elle perdure, les solutions du type : arrêtons les produits chinois à nos frontières de manière à préserver les derniers emplois industriels de notre bonne vieille Europe ont du succès.

Que ce soit sous la forme de droits de douane supplémentaires ou pour non respect du droit social, les méthodes pour empêcher les produits chinois d’arriver chez nous ne manquent pas. Mais la vraie question, c’est : peut-on sincèrement bloquer les produits chinois à nos frontières ? La réponse est hélas non, comme toutes les bonnes idées du type “y a qu’à” !

Pour quelles raisons ? La première, c’est que deux tiers des exportations chinoises sont réalisées par des entreprises occidentales installées en Chine. Donc les premières victimes d’une rétorsion envers la Chine seront des firmes européennes ou américaines ! Mais direz-vous, tant pis, elles n’avaient qu’à pas se délocaliser en Chine !

Ok, mais le deuxième argument, c’est qu’il est impossible de bloquer uniquement les produits chinois à nos frontières, il faudrait en réalité bloquer tous les produits d’Asie ! si je dis cela, c’est parce que le contenu en importations des exportations chinoises est très élevé. Prenez l’exemple de l’iPhone : la Chine encaisse officiellement 179 dollars pour chaque iPhone vendu alors que la Chine, comme le rappelle l’économiste Patrick Artus, n’assume que la dernière partie de la fabrication, autrement dit, l’assemblage !

Si on ne comptabilisait que cette dernière étape de la fabrication, la valeur de la Chine se limiterait à 6,50 dollars et non pas 179 dollars, soit à peine 4% du prix de l’iPhone. Toute la différence va en réalité rémunérer le Japon qui récupère 34% du prix de l’iPhone, de la Corée du sud qui récupère 13% du prix de l’iPhone et même de l’Allemagne qui récupère 17% du prix de l’iPhone, sans parler des Etats-Unis ! Donc, taxer uniquement la Chine n’a aucun sens puisque la chaine de valeur d’un produit comme l’iPhone est éparpillée aux quatre coins de la planète et que la Chine n’est que la dernière étape, celle de l’assemblage.

Et puis dernier argument, pour taxer un produit à nos frontières, il faut que nous ayons des produits à lui substituer, or, ce n’est pas le cas. Quand on ne fabrique plus et qu’on a pris l’habitude d’importer, il n’y a plus de solution de rechange, sauf à renoncer à consommer. Et si c’est le cas, il faut assumer la chose et dire adieu Hi-Fi, adieu frigos, adieu vélos, adieu jouets de Noël, adieu GSM, adieu iPad, bref, adieu à tous les produits “made in china”.

Et voilà pourquoi taxer les produits chinois à nos frontières ne résoudra hélas pas nos problème.

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