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Les Pays-Bas à la traîne de l’Espagne !

Confiance et optimisme n’étouffent décidément pas les Européens. Voyez les fort bons chiffres de la croissance économique du PIB au 2e trimestre, publiés la semaine dernière. Ils témoignent d’un joli rebond, c’est vrai, mais ce n’est pas encore gagné, se sont empressés d’ajouter de nombreux économistes.

Même si cette reprise se confirme, il n’y a pas d’illusions à se faire : elle restera faible un bon bout de temps encore, ont renchéri les autres. Ce n’est pas faux, bien sûr. La croissance de 0,3 % observée pour la période avril-juin, tant pour les 17 pays de la zone euro que pour les 27 de l’Union (passés à 28 le 1er juillet), ne gomme pas encore les replis des trimestres précédents : sur un an, la première avoue -0,7 % et la seconde, -0,2 %. Par ailleurs, personne n’ose avancer de chiffres flamboyants pour les trimestres à venir, et c’est un euphémisme.

Il reste que ce deuxième trimestre 2013 marque une rupture hautement symbolique après un an et demi de contraction économique. C’est en 2011 que l’Europe avait brutalement décroché, après un départ en fanfare. A l’issue du 1er trimestre, elle pouvait alors se targuer d’une croissance annuelle de 2,4 %, contre 2,2 % pour les Etats-Unis ! Après le quasi-surplace des deux trimestres suivants, elle s’enfonçait toutefois dans le rouge au quatrième. Pour ne plus en sortir pendant 18 mois, du moins en ce qui concerne la zone euro. Un triste record pour la durée, heureusement pas pour l’intensité.

Cette croissance de 0,3 % constitue donc un élément très positif, d’autant que les analystes prévoyaient 0,2 % à peine. Avec 0,5 % au lieu du 0,2 % attendu, la France joue même les vedettes aussi sûrement que l’Allemagne et son 0,7 %. N’oublions pas que, pour ce même 2e trimestre, les Etats-Unis doivent se contenter d’une croissance de 0,4 %. Ces bons chiffres vont-ils renforcer le moral des consommateurs européens et les inciter à soutenir la conjoncture par des dépenses accrues ? Probablement pas aussi longtemps que le chômage ne refluera pas, craignent les économistes. Or, pour qu’il régresse, il faudrait que les entreprises embauchent, donc investissent. Ceci implique des perspectives de croissance plus élevée qui, à défaut de consommation intérieure vigoureuse, ne peuvent venir que de l’extérieur. Avec le faible tonus des Etats-Unis et le ralentissement des pays émergents, ce n’est pas gagné.

Les chiffres du 2e trimestre recèlent une bonne nouvelle : la croissance de 1,1 % observée au Portugal, qui sort ainsi de deux ans et demi de récession ; l’Europe du Sud se porte enfin moins mal… Mais aussi une mauvaise : les Pays-Bas sont toujours dans le rouge, avec -0,2 %, comme l’Italie. Sur un an, la (dé)croissance néerlandaise atteint -1,8 %. Ce n’est qu’un peu mieux que l’Italie (-2 %) et c’est moins bien que l’Espagne, avec son -1,7 % ! En cause : une crise immobilière dramatique. Dans ce pays qui fut longtemps plus rigoureux encore que l’Allemagne, en matière de déficit budgétaire comme de comptes courants, près d’un ménage sur trois souffre aujourd’hui d’une dette hypothécaire supérieure à la valeur de sa maison. C’est pire qu’aux Etats-Unis. Aussi incroyable que cela puisse paraître, le citoyen batave est d’ailleurs deux fois plus endetté que son homologue yankee ! Moralité : même un Etat très vertueux peut développer un cancer. De là à considérer que l’austérité n’est pas la panacée et qu’il ne faut pas avoir trop de remords à s’en écarter pour relancer la croissance, il y a un pas que la pénible situation des Pays-Bas aidera peut-être à franchir. Tout comme la bonne surprise française du reste, que l’on doit notamment à la consommation intérieure.

GUY LEGRAND – Directeur adjoint

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