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Les Grecs resteront au sein de l’euro… qu’ils le veuillent ou pas !

Les Grecs, qu’ils le veulent ou pas, devront rester au sein de l’euro. Sauf à jouer la politique du pire.

Les partis grecs qui ont gagné les élections de dimanche dernier refusent l’austérité que leur imposent l’Europe, le FMI et la Banque centrale européenne. Le bras de fer dure depuis une semaine maintenant, au point de rendre très nerveux les marchés financiers et les dirigeants européens, y compris belges, qui ne savent plus quoi faire avec la Grèce !

En réalité, comme le disait au Figaro l’économiste français Alexandre Delaigue, professeur à l’école militaire de Saint-Cyr, “la situation s’apparente un peu à la crise des missiles de Cuba : il y a une escalade de la rhétorique.” Bref, chacun donne l’impression que nous sommes tous au bord de l’explosion de la zone euro.

Et pourtant, comme en 1962 entre l’URSS et les Etats-Unis, personne n’a intérêt à ce que la catastrophe se produise mais chaque camp utilise la menace de cette sortie de l’euro pour essayer d’avancer ses intérêts. Le drame, dans ce jeux dangereux, est qu’à forcer d’évoquer la sortie de la zone euro, on arrive à une situation où plus les gens y croient, plus la probabilité de cette sortie de l’euro augmente.

En réalité, les Grecs bluffent en partie. Même si, demain, vous passiez l’éponge sur la totalité de la dette, les dépenses du pays dépasseront encore nettement ses ressources. La Grèce aura donc toujours besoin d’aide financière. Sortir de l’euro serait encore pire pour elle : l’armée devrait se poster devant chaque banque pour éviter les émeutes de gens voulant retirer leurs économies en euros avant le changement de monnaie !

Certains disent que l’Argentine s’en est quand même sortie après avoir fait faillite en 2001. N’est-ce pas un exemple à suivre pour la Grèce ? Encore une fois, comparaison n’est pas raison.

D’abord, l’Argentine disposait déjà de sa propre monnaie, elle n’a eu “qu’à” abandonner l’indexation au dollar et dévaluer son peso. Deuxièmement, l’Argentine a bénéficié du boom des matières premières, notamment agricoles, pendant la décennie qui a suivi sa faillite : cela a dopé ses exportations, ce qui lui permis de se financer avec les taxes sur les exportations.

Mais comme le fait justement remarquer l’économiste Alexandre Delaigue, “la Grèce, elle, n’exporte quasiment que du tourisme. Or, augmenter fortement les recettes touristiques n’est pas aussi facile que d’augmenter les exportations de soja ou de boeuf. Il faut pouvoir investir dans les infrastructures pour augmenter votre offre hôtelière. Si vous vous trouvez dans une situation économique difficile accompagnée de troubles sociaux, vos produits agricoles trouveront toujours preneurs sur les marchés internationaux. En revanche, pour attirer les touristes, ce n’est pas idéal.”

Voilà pourquoi les Grecs, qu’ils le veuillent ou pas, devront rester au sein de l’euro. Sauf à jouer la politique du pire.

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