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Les élections italiennes, autre dérive de la crise

En période de crise, le danger, ne vient pas du ras-le-bol des citoyens. Beaucoup peuvent en effet légitimement se dire qu’après 5 années de crise, cela suffit. Et c’est vrai que les populistes de gauche ou de droite peuvent s’en donner aujourd’hui à coeur joie, le meilleur exemple de cette dérive, c’est encore l’Italie qui doit voter ce dimanche.

Il y a d’un côté, un certain Beppe Grillo qui est carrément dans la caricature. Cet ancien comique, créateur du “Mouvement 5 étoiles”, réunit des foules immenses à chacun de ses discours sur le thème de “tous pourris”. Parmi ses promesses farfelues, il y a celle qui consiste à abolir les partis politiques et les syndicats, tout en promettant, de diminuer les heures de travail à 20 heures semaine ! Incroyable, mais vrai comme dirait Jacques Martin !

A ce populisme de gauche, s’ajoute un autre populisme de droite celui-là. Berlusconi vient en effet d’étonner l’Italie entière en envoyant à des millions d’Italiens une lettre qui ressemble à s’y méprendre à un courrier de l’administration fiscale. Dans ce courrier, il dit qu’il va rembourser la taxe d’habitation qui vise les habitations principales votée par l’ancien gouvernement dirigé par Mario Monti. C’est là un coup de marketing politique très fort, à la limite de l’escroquerie intellectuelle, mais qui peut rallier le suffrage de beaucoup d’Italiens. Au fond, ces derniers se disent : “c’est vrai, Berlusconi est un pitre, mais s’il me promet d’enlever cette taxe, je préfère voter pour lui que pour Mario Monti et consorts qui, eux, ne me promettent que de la sueur et des restrictions budgétaires !”

Il faut dire que cette taxe foncière est très impopulaire en Italie. Berlusconi l’a bien compris. Sur les millions de lettres qu’il a envoyées, il est indiqué : “Le remboursement sera effectué soit par virement sur votre compte bancaire, soit directement, au guichet de la poste”, fin de citation.

C’est sans doute bien joué, mais encore une fois, c’est la crise qui favorise ce genre de populisme, car soyons clairs, avec une dette publique équivalente à 126% du PIB, la marge de manoeuvre de n’importe quel gouvernement en Italie pour réduire les impôts est de… zéro. Ce que les Italiens doivent savoir, c’est que si Berlusconi est élu, les taux d’intérêt italiens sur les marchés financiers vont grimper en flèche et donc, non seulement, la taxe d’habitation ne sera sans doute pas effacée, mais elle sera accompagnée d’autres impôts encore plus lourds pour compenser la hausse des taux d’intérêt sur le budget de l’Etat. Et ça, ce n’est pas une promesse politique, mais une certitude économique.

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