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Les agences de notation sont devenues les vrais dirigeants

L’Etat ou plutôt les Etats nous ont sauvés en 2008 lorsque la crise a éclaté. Ils ont à l’époque agi avec vigueur pour éviter que l’économie ne sombre définitivement. Aujourd’hui, ces mêmes Etats sont attaqués par les marchés financiers, car ils se sont trop endettés pour sauver l’économie mondiale.

L’Etat ou plutôt les Etats nous ont sauvés en 2008 lorsque la crise a éclaté. Ils ont à l’époque agi avec vigueur pour éviter que l’économie ne sombre définitivement. Aujourd’hui, ces mêmes Etats sont attaqués par les marchés financiers, car ils se sont trop endettés pour sauver l’économie mondiale.

Quand des pays comme le Portugal sont attaqués comme c’était encore le cas avant ce weekend, que peut-on faire ? A priori, il n’y a plus de marge de manoeuvre, les Etats sont déjà surendettés. Ils sont scrutés par les agences de notation qui sont devenues les vrais dirigeants de ce monde, et les Etats sont priés de faire un régime drastique.

Il suffit d’ailleurs de lire la note d’Elio Di Rupo pour comprendre que quasi toutes les couches de la population devront également être mises à la diète. Ce n’est pas propre à la Belgique, c’est le cas partout en Europe, quelle que soit la couleur du gouvernement, la seule option, hélas, c’est la diète. Mais avec un paradoxe à la clé.

En même temps que l’Etat est prié, voire sommé de maigrir, il n’y a jamais eu autant de demandes de protection ! En fait, comme le faisait remarquer l’économiste Jean-Hervé Lorenzi, il y a en réalité trois catégories de demandes : celle des plus de 60 ans, qui veulent préserver leur retraite, celle des moins de 30 ans, qui veulent accéder à l’emploi et au logement. Et ce que les économistes appellent les “insiders”, les 30-60 ans, çàd, ceux qui sont insérés dans le marché du travail et qui veulent protéger leur pouvoir d’achat.

Chacune de ces catégories n’a pas la même vision du rôle que doit jouer l’Etat. Pour les plus âgés, c’est l’Etat protecteur de leur retraite et de leur santé qui compte; pour les 35-55 ans, c’est la protection du marché du travail qui compte ; et pour les jeunes, ce qu’ils veulent, ce sont des transferts financiers en leur faveur et des nouvelles règles du jeu.

Les Etats ne pourront évidemment pas contenter ces 3 catégories à la fois. Des choix doivent être faits et ils ne seront pas faciles. Il y aura des tensions entre jeunes et plus âgés, et entre régions riches et régions plus défavorisées, car la crise renforce bien entendu les réflexes égoïstes. La Belgique vivra même les deux tensions, avec un parti politique au nord du pays, qui a paradoxalement, plus de facilité à co-financer le sauvetage de la Grèce ou du Portugal, qu’à établir des ponts avec ses voisins du sud de la frontière linguistique.

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