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Les actions du gouvernement Di Rupo : Too little, too late

La préparation du budget 2013 du gouvernement fédéral et de son plan de redressement n’a pas été bouclée sans coup férir. La marge pour arriver à un consensus relatif à l’économie politique dépassant les différents intérêts et groupements d’intérêt semble peu à peu devenir trop mince.

Gwendolyn Rutten, la candidate à la présidence de l’Open VLD affirme que le compromis atteint, autant sur le plan budgétaire que sur le plan de redressement, le maximum politiquement réalisable. Il se pourrait bien que cette remarque frappe dans le mille. Ce gouvernement fédéral idéologiquement écartelé ne pouvait sans doute pas faire plus. Que le maximum politiquement réalisable se trouve à des années lumières de ce qui doit être fait pour remettre les finances publiques sur la bonne voie socioéconomique et budgétaire en dit long sur la situation dans laquelle nous sommes embarqués.

Too little, too late, voilà le fil rouge caractérisant les actions du gouvernement Di Rupo. Qu’il s’agisse du handicap salarial, de l’infléchissement des dépenses de l’état, des adaptations indispensables de notre marché de l’emploi ou des interventions structurelles destinées à stimuler la croissance de notre économie : c’est toujours too little, too late. Il s’ensuit inévitablement, et certainement lors de la préparation du budget, un recours perpétuel aux actions uniques et aux augmentations fiscales. Surtout ce dernier point, accompagné de l’incertitude complète quant à l’avenir économique, relance le circuit noir de notre économie.

Replonger en partie dans l’économie noire.

Les entreprises et les indépendants n’ont souvent pas d’autre choix que de replonger en partie dans l’économie noire. Ils ont en effet de plus en plus de mal à survivre dans le circuit officiel à cause de la pression fiscale et l’évolution négative de leurs chiffres d’affaires et de leurs marges bénéficiaires. La reprise de l’économie noire ne provient pas d’un enthousiasme délirant, mais plutôt d’un instinct de survie. Notre pays n’est au demeurant pas le seul à connaître une politique terriblement défaillante.

La quasi-totalité du monde occidental peine à arriver à quelque chose qui ressemble à une politique capable d’affronter l’ampleur des problèmes. Souvent, cela ne fonctionne tout simplement pas, même pas aux Etats-Unis et au Japon. Au niveau européen l’immobilisme devient même carrément inquiétant.

Imputer ce qui précède aux capacités de la génération actuelle d’hommes politiques paraît peu crédible. Selon moi l’explication réside beaucoup plus dans les développements structurels. Le fait que le modèle social de l’Occident ne fonctionne plus constitue le véritable problème. Une série de ruptures de tendances sont à la base de ce renversement structurel : le vieillissement de la population, la migration mondiale, le succès des nouvelles technologies et l’entrée en scène de nouvelles puissances économiques. Ces changements sont d’une importance et d’une profondeur telles que nous devons adapter fondamentalement notre modèle. Un peu de bricolage dans la marge ne suffit plus.

La formulation d’une véritable alternative au modèle existant se heurte à un grand problème, à savoir l’impact des groupements d’intérêt, qui feront invariablement primer l’intérêt particulier sur l’intérêt général. Il accordent beaucoup plus d’attention à la redistribution de la prospérité qu’à la création d’une nouvelle prospérité. Les syndicats constituent l’exemple type de ce phénomène, mais sont loin d’être les seuls sur la liste de l’égoïsme corporatif. Ces groupements d’intérêt connaissent une forte résistance interne contre un changement structurel du statu quo qui leur procure des avantages, du pouvoir et des revenus. La mobilisation de la quasi-totalité des groupements d’intérêts rend la persévérance et les changements structurels d’autant plus difficiles pour les gouvernants.

Tôt ou tard il faudra pourtant qu’ils aient lieu. La question-clé est de savoir à quel point la prospérité doit être érodée et détériorée avant que les politiques osent aller à l’encontre du dictat des groupements d’intérêts.

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