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Le salut viendra-t-il des marchés financiers ?

Chers marchés financiers, je m’adresse à vous en dernier recours et un peu à contrecoeur, je l’avoue. Ma liste de souhaits envoyée à Saint-Nicolas est, en effet, restée lettre morte…

Chers marchés financiers,

Je m’adresse à vous en dernier recours et un peu à contrecoeur, je l’avoue. Ma liste de souhaits envoyée à Saint-Nicolas est, en effet, restée lettre morte. J’y avais exprimé mon désir, non seulement d’avoir un gouvernement mais également d’instiller une culture plus “business” au sein de notre classe politique. Histoire de mener à bien un assainissement budgétaire, de concentrer les moyens financiers disponibles sur quelques priorités où la Belgique peut faire la différence et, enfin, de lancer les réformes nécessaires en ce qui concerne les pensions et le marché de l’emploi.

Malheureusement, sept mois et demi après les élections, nous sommes de retour à la case départ. Ecoeurés par l’absurdité de notre situation politique, certains m’ont suggéré d’écrire le même édito chaque semaine jusqu’à ce que nos hommes politiques négocient un accord de gouvernement. Mais si notre classe politique a fait la sourde oreille aux messages de 35.000 Belges qui ont défilé dans les rues de Bruxelles, je doute de l’impact d’un édito à répétition…

Je m’en remets donc à l’analyse d’Herman De Croo. Ce libéral flamand avait, il y a quelques mois, prédit un scénario de sortie de crise qui impliquerait qu’on agite le spectre d’une crise financière, conséquence de la crise politique. La pression des marchés pousserait ainsi les différents partis politiques à trouver rapidement un accord. Mais visiblement, ces derniers mois, cette pression n’a pas été suffisante.

Il est vrai que la différence de taux de nos emprunts à 10 ans par rapport à ceux de l’Allemagne se limite à 1 % seulement, soit 0,5 % de différence quand tout allait bien. Ce 0,5 % de différence sur un montant de 41 milliards d’euros que la Belgique devra lever en 2011, ne représenterait “que” 200 millions d’euros de charges supplémentaires pour la dette si on empruntait tout à 10 ans. Même le rapport de l’agence de notation Standard and Poor’s qui envisage de revoir la note de la Belgique dans les prochains mois n’a pas suffi.

Il faudrait donc que votre pression, chers marchés financiers, soit plus menaçante. Et elle se fera certainement sentir si l’instabilité politique actuelle met en danger le futur de notre pays. En effet, l’éclatement – peu probable – de la Belgique entraînerait une division de la dette très problématique. Outre la question très épineuse de la répartition, les capacités de remboursement de la Flandre, de la Wallonie et de Bruxelles sont très inégales. Une perspective qui fera évidemment grimper les taux d’intérêt.

Si vous mettez la Belgique davantage sous pression, n’oubliez cependant pas de prendre en compte quelques autres paramètres économiques. Nous avons, en effet, affiché en 2010 une croissance économique enviable de 2,1 % alors que la moyenne européenne est de 1,7 %. Le déficit public s’est limité à 4,6 % en 2010, soit un taux raisonnable par rapport à d’autres pays européens. La Belgique a également attiré 50 % d’investissements étrangers supplémentaires en 2010 par rapport à l’année précédente. Et, pour couronner le tout, le moral économique des Belges est meilleur que celui de leurs voisins néerlandais ou luxembourgeois. Alors, si vous mettez la pression, n’y allez quand même pas trop fort.

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