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Le pétrole victime de Moubarak

Le journal Le Soir a réalisé un joli coup : ils ont profité du passage du ministre algérien de l’énergie pour lui poser quelques questions, et notamment une question sur le prix du pétrole : la réponse du ministre a été claire : pour lui, en 2012, le prix du baril du pétrole devrait évoluer autour des 100 dollars !

A priori, sa réponse est étonnante : souvenez-vous quand la crise financière a éclaté fin 2008 en Europe, le baril de brut est passé en quelques mois de 147 dollars à 33 dollars le baril. Cette baisse radicale était alors censée refléter la baisse de la demande des pays consommateurs, en raison de la crise.

Or, à l’aube de 2012, nous sommes en quelque sorte dans la même situation : toutes les prévisions montrent que l’Europe sera quasi en récession sur le plan économique et voilà qu’un ministre du pétrole nous dit que malgré cela le prix du baril resterait autour des 100 dollars !

Pourquoi ce paradoxe ? Des explications économiques peuvent être données, mais la donnée plus importante est avant tout géopolitique. En effet, la famille royale saoudienne a été traumatisée par le lâchage du président égyptien Moubarak par les Etats-Unis : ils ont compris que les Etats-Unis n’étaient pas fidèles à leurs alliés. Or, chacun sait qu’un accord secret avait été conclu entre la famille royale saoudienne et l’ancien président américain Roosevelt : les américains offraient leur protection militaire aux saoudiens et ces derniers, en contrepartie, faisaient en sorte que le pétrole coule à flot et donc à bon marché.

Avec la destitution de Moubarak, les saoudiens savent qu’ils ne peuvent plus compter que sur eux-mêmes et c’est la raison pour laquelle, ils ne s’opposent plus aussi fortement aux faucons de l’OPEP qui veulent un prix du baril plus élevé.

Deuxième raison, l’Arabie Saoudite, et les autres pays exportateurs de pétrole comme l’Algérie, ont besoin d’un prix du pétrole qui ne soit pas trop faible et cela, uniquement pour pouvoir acheter la paix sociale chez eux et éviter les ennuis des dictateurs tunisiens, syriens ou libyens. N’oublions pas que les saoudiens ont mis plus de 70 milliards de dollars sur la table pour éteindre le feu de la révolte sociale.

Voilà pourquoi le prix du baril ne devrait pas trop baisser, surtout si des tensions ont lieu avec l’Iran.

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