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Le grand retour des bulles. Réelles ou supposées…

Le Brésil vit-il une bulle immobilière, à l’instar de la Chine ? Même dans les favelas, le prix des logements a doublé, parfois triplé au cours des dernières années…

Le Brésil vit-il une bulle immobilière, à l’instar de la Chine ? Même dans les favelas, le prix des logements a doublé, parfois triplé au cours des dernières années. Le marché obligataire connaît-il une bulle dans les pays émergents ? Les capitaux occidentaux y affluent et font baisser les rendements de manière déraisonnable par rapport aux fondamentaux économiques, jugent divers observateurs. Le monde du private equity est-il menacé d’une bulle ? Les fonds spécialisés disposent à nouveau d’une montagne de liquidités et ont retrouvé le chemin du crédit. Ne vont-ils pas se lancer dans des campagnes de rachats en inflatant les prix, comme avant la crise financière ?

Ce ne sont là que quelques-uns des nombreux domaines ayant récemment remis le mot bulle à la mode. Le principal reste toutefois la Bourse, dans le secteur technologique et plus précisément celui de l’Internet. Comment s’étonner qu’il suscite des craintes ? La bulle de la fin des années 1990 éclata en mars 2000. L’indice Nasdaq des valeurs technologiques chuta de près de 80 % en deux ans et demi, entraînant les autres marchés dans son sillage et détruisant pour quelque 5.000 milliards de dollars de capitalisation boursière.

C’est largement la valorisation faite l’an dernier du réseau social Facebook qui activa le spectre d’une bulle Internet, conforté la semaine dernière par l’envol de son concurrent LindekIn. Le titre doubla sur le marché gris dès son premier jour de cotation. Du délire ? Peut-être. A son cours actuel, la société vaut 30 fois son chiffre d’affaires et plus de 150 fois son cash flow. Le cours de LindekIn est-il pour autant promis à une infamante dégringolade ? On n’oserait en jurer. Souvenons-nous : tel était le triste sort annoncé au moteur de recherche Google au lendemain de son introduction en Bourse de l’été 2004. Emis à 85 dollars, le titre flamba sans discontinuer jusqu’à 712 dollars en novembre 2007. Il est revenu à un bon 500 dollars aujourd’hui, certes, mais il n’y a pas là de quoi donner raison aux baissiers de 2005 ou 2006 ! La raison de cette non-dégringolade annoncée ? Le bénéfice a suivi, tout simplement. Exprimé par action, il a été multiplié par 10 depuis 2004. Et si ce bénéfice a pu exploser, c’est que le nombre d’internautes a fait de même. Ils seraient aujourd’hui deux milliards environ dans le monde, soit huit fois plus qu’à la fin des années 1990.

Fort bien, jugeront certains, mais il reste que la plupart des starlettes, et même stars, d’Internet de l’an 2000 ont disparu sans laisser de traces. Exact. Elles ont vu trop grand et trop tôt. Et presque toutes ont visé le commerce, longtemps balbutiant, alors que se développait la recherche d’informations et de liens. Erreur de jugement, mais aussi loi darwinienne : les pionniers tirent les marrons du feu en se brûlant les doigts et laissent généralement la place à une seconde vague d’entrepreneurs. Il en va de la révolution Internet comme de celle des chemins de fer, un siècle plus tôt. Et des révolutions tout court : l’histoire enseigne que les combattants de la première heure finissent souvent en prison ou sous le peloton d’exécution. Comme l’historien, l’analyste financier doit distinguer les Talleyrand des Robespierre. Mais dans des délais beaucoup plus courts !

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