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La Grèce sauvée par l’aléa moral?

La chancelière allemande, Angela Merkel, a parfois des mots durs pour la Grèce.

La chancelière allemande, Angela Merkel, a parfois des mots durs pour la Grèce. Même si c’est sans doute en partie pour calmer son électorat, elle n’a pas hésité à dire qu’il n’était pas normal que les Grecs prennent plus de vacances que les Allemands ou qu’ils n’étaient pas normal que ces mêmes Grecs partent à la retraite plus tôt que les Allemands, sous entendu, “il n’est pas normal que le contribuable allemand vienne au secours de la Grèce, sans que les citoyens de ce pays ne fassent eux aussi des efforts.”

Tout cela est vrai, mais pour beaucoup d’experts, ces propos sont des propos pour la galerie, des propos pour calmer son opinion publique car qu’il soit allemand, hollandais, français ou belge, le contribuable européen devra payer pour la Grèce. Pourquoi ? Parce que les dirigeants européens ont intégré une notion économique assez bizarre mais qui leur fait peur et cette notion économique, c’est… l’aléa moral.

L’aléa moral dont sont friands les économistes, c’est l’idée qu’une entreprise puisse prendre des risques considérables parce qu’elle sait que si cela tourne mal, elle n’en paiera pas le prix. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé aux Etats-Unis avec de grandes banques pendant la période des subprimes. Ces dernières ont prêté de l’argent à n’importe qui, y compris à des gens sans le sou ou hélas au chômage pour acheter un bien immobilier. Cependant, les banques en question n’avaient pas peur car elles estimaient qu’elles étaient trop grandes pour que l’Etat américain les laisse faire faillite.

Le gouvernement américain a voulu casser cet aléa moral en donnant une leçon à la banque Lehman Brothers et donc, en la laissant tomber en faillite. En réalité, la faillite de Lehman Brothers a été la pire bêtise de l’histoire économique, puisque la faillite de cette banque a eu un effet domino que tout le monde connait aujourd’hui. Voilà, où certains experts veulent en venir avec la Grèce, si on restructure la dette grecque, c’est-à-dire si on la réduit, ce sont les banques grecques en premier lieu, et ensuite les banques françaises et allemandes qui vont souffrir car elles ont énormément d’obligations grecques en portefeuille. Le danger est donc grand que les banques européennes ne puissent pas supporter une sorte de “Lehman Brothers à la grecque”. Voilà pourquoi les contribuables européens, qu’ils le veuillent ou pas, devront aider la Grèce. En résumé, le contribuable paiera pour sauver une deuxième fois le système bancaire européen.

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