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La Grèce, l’Allemagne et l’ironie de l’Histoire

La réussite allemande fait rêver les politiques. Voilà un pays qui s’est imposé durant cette crise comme le seul modèle à suivre.

La réussite allemande fait rêver les politiques. Voilà un pays qui s’est imposé durant cette crise comme le seul modèle à suivre.

Modèle à suivre parce que son économie est la première d’Europe. Modèle à suivre parce que c’est le seul pays qui n’a pas été attaqué par les marchés financiers. Modèle à suivre parce qu’indirectement, les agences de notation lui ont donné les clés de la zone euro en le citant en creux comme exemple à suivre.

Lorsqu’on pose la question de savoir pourquoi les Allemands sont si forts sur le plan économique, c’est en général les mêmes réponses qui ressortent. Voici un pays qui a instauré la modération salariale – pour ne pas dire la rigueur salariale – grâce à un bon dialogue social entre patrons et syndicats. Son tissu de PME exportatrices est très dynamique. Et le fameux made in Germany résiste bien à la crise.

Voilà pour la doctrine officielle ! La réalité est sans doute plus nuancée. Un historien allemand, Albrecht Ritschl, professeur à la London School of Economics, a une autre théorie : pour lui, le miracle allemand s’explique aussi par le fait que son pays n’a pas remboursé ses dettes après la Deuxième Guerre mondiale.

Après 1945, histoire d’assurer un redressement rapide de l’économie allemande – une Allemagne qui était devenue leur nouvel allié face à l’ennemi soviétique – les Américains ont imposé aux pays bénéficiaires du plan Marshall, autrement dit tous les autres pays d’Europe, de ne pas réclamer immédiatement leur dû aux Allemands.

Résultat des courses : même après la réunification allemande, les autres pays européens n’ont pas osé ou voulu demander un remboursement des dégâts de la guerre aux Allemands. L’ancien chancelier Helmut Kohl reconnaissait lui-même que si les créanciers de 1945 devaient réclamer leur dû, son pays serait en faillite.

L’ironie de l’histoire veut que le seul pays qui ait évoqué cette possibilité de remboursement en 1990, durant la réunification allemande, soit… la Grèce. C’est ce qu’on appelle un renversement de situation.

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