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La crise, un combat entre rentiers et jeunes chômeurs?

C’est une idée qui est en vogue chez beaucoup d’économistes : et si la crise actuelle pouvait se résumer à un combat entre les rentiers et les jeunes qui sont au chômage ?

Les premiers, les rentiers sont ceux qui détiennent le capital et l’épargne, ils ont généralement plus de 50 ans, et ils ont donc eu, en principe, le temps d’accumuler ou d’hériter. Ces rentiers – quand je dis rentiers, ce n’est pas péjoratif, le terme est utilisé par les économistes – ont intérêt à ce que les dettes publiques soient payées car même s’ils ne sont pas encore rentiers, ils le deviendront bientôt quand ils partiront à la retraite. Ce sont eux qui sont d’une manière ou d’une autre au pouvoir. Donc, toutes les solutions qu’ils préconisent pour sortir de cette crise ne font que protéger leurs intérêts !

A priori, cela ne poserait aucun problème, sauf que cette volonté de forcer les gouvernements à rembourser leurs dettes, même au prix d’une récession, se fait au détriment des personnes plus jeunes, celles qui entrent sur le marché de l’emploi. Autrement dit, en refusant d’effacer tout ou partie des dettes publiques d’un coup de crayon, les rentiers refilent en quelque sorte le chômage aux générations suivantes, c’est-à-dire à leurs enfants et petits-enfants. C’est un discours difficile à entendre et qui peut choquer, mais il faut savoir qu’il est tenu par mal d’économistes. La question maintenant est la suivante : que faut-il en penser ?

Primo, aujourd’hui, avec l’espérance de vie qui s’allonge d’année en année, les personnes qui héritent à 50 ans se font de plus en plus rares, d’autant qu’espérance de vie aidant, il y aura aussi moins à transmettre. Secundo, ces rentiers qu’on critique placent aujourd’hui leur épargne massivement sous la forme de comptes d’épargne qui donnent royalement du 1% alors que l’inflation est de presque 3% en Belgique. En clair, ces rentiers perdent déjà chaque année 2% de pouvoir d’achat, difficile, donc de les envier. Tertio, il n’y a pas de conflit de génération, mais plutôt de classes, car les rentiers, tel qu’ils sont définis par ces économistes transmettront leurs avoirs à leurs enfants qui donc, en bénéficieront. Contrairement à ce qu’on dit ici ou là, le conflit n’est pas entre générations, mais plus entre jeunesse dorée et jeunesse exclue.

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