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La crise n’en finit pas de s’aggraver en Espagne

L’Espagne n’en finit pas de souffrir de la crise. Son gouvernement est sous une triple pression. Pression de la rue avec des manifestations quotidiennes y compris celle des chômeurs qui a frappé les esprits. Pression des régions y compris les plus riches qui crient à l’aide, car elles n’arrivent plus à boucler leurs budgets. Et pression des marchés financiers qui imposent au pays des taux d’intérêt criminels bien au-dessus des 7% !

Bref, malgré tous les efforts de la population, la crise n’en finit pas de s’aggraver en Espagne, les prévisions pour l’année prochaine sont encore pires que celles pour 2012. Plutôt que de vous en parler avec des chiffres souvent abstraits, j’ai choisi aujourd’hui de vous éclairer sur cette crise espagnole via la gastronomie.

L’Espagne est aujourd’hui considérée comme un temple de la gastronomie, ce qui n’était pas le cas, il y a 20 ans. Ce changement de perception, on le doit notamment à Ferran Adria, le restaurateur espagnol le plus célèbre au monde puisqu’il a dirigé El Buli, le restaurant supposé être le meilleur au monde.

Si j’en parle aujourd’hui, c’est parce que la crise est passée par là, et que de l’aveu même de plusieurs chefs espagnols renommés, mieux vaut savoir réussir aujourd’hui la tortilla qu’être le roi de la cuisine moléculaire en Espagne. En effet, avec un taux de chômage qui frôle les 25% et un marché de l’immobilier qui plonge de 10% l’an, plus personne en Espagne – même ceux qui peuvent se le permettre – n’ose encore aller dans des restaurants étoilés ou des restaurants haut de gamme. Même à Madrid, des établissements renommés comme le Club 31 ou le Principe de Viana, un restaurant réputé auprès des politiciens et des stars du business, ont dû fermer leurs portes. Avec toutes ces faillites, le nombre de restaurants en Espagne est retombé à 220.000 unités, soit le chiffre le plus bas depuis 1997 !

Les uns pour survivre se sont transformés en brasserie avec des prix plus doux, d’autres ont joué la carte de la crise en proposant par exemple aux clients de venir avec leurs propres bouteilles de vin. D’autres ont adapté leurs menus, diminué leurs prix et réduit les portions. D’autres encore ont préféré abandonner leur étoile Michelin pour pouvoir servir des plats plus abordables tous avec la même idée derrière la tête : s’ils ne s’adaptent pas à la crise, ils vont mourir. Même la ville de Séville s’y est mise en proposant des packages incluant hôtels et restaurants. Il est vrai que le tourisme n’aide pas, car les voyageurs d’aujourd’hui se rendent souvent en Espagne via des vols low cost et consomment le strict minimum sur place. Conclusion : les jeunes chefs espagnols qui voulaient ressembler à Ferran Adria devront attendre que la crise se termine avant de pouvoir démontrer leur talent.

Amid Faljaoui (à Nueva Andulucia)

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