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La cigale et la fourmi… prêteuse

L’accord intervenu entre l’Allemagne et la France au sujet de la dette grecque avait franchement soulagé l’atmosphère sur la scène financière. Et même sur les marchés !

L’accord intervenu vendredi dernier entre l’Allemagne et la France au sujet de la dette grecque avait franchement soulagé l’atmosphère sur la scène financière. Et même sur les marchés. A preuve : le rendement des obligations hellènes affichant une échéance de deux ans avait reflué à moins de 27 %, contre 28,6 % la veille… Ironie un peu facile, c’est vrai, mais il n’est jamais inutile de fixer les idées et les ordres de grandeur. Ajoutons donc que ce taux vient de 14,5 % en mars dernier et de 5,3 % à peine en mars 2010. Et que la Belgique, elle, emprunte sur deux ans à 2,4 %, l’Allemagne à 1,5 % et la Suisse à… 0,2 %.

Petite parenthèse : heureux, les Suisses ? Pas vraiment. Si les investisseurs se contentent d’un rendement symbolique, c’est parce que leur capital s’apprécie. Le franc, qui avait déjà grimpé à parité avec le dollar en début d’année, vaut aujourd’hui 1,20 dollar environ et ce taux de change commence à susciter quelques grimaces dans les entreprises. Par contre, malheureux, les Grecs le sont sûrement, ainsi qu’en témoignent les manifestations dont les médias rendent compte presque tous les jours. Quand on a chanté tout l’été et que vient la bise, le réveil est brutal ! Dans son malheur, la cigale grecque a toutefois beaucoup plus de chance que celle de la fable : la fourmi européenne fut prêteuse dans le passé, de sorte qu’elle perdrait beaucoup à laisser défaillir sa débitrice.

Sauver la Grèce, ce n’est peut-être pas sauver les banques, mais c’est à tout le moins leur éviter une fameuse syncope. A la fin 2010, les banques européennes détenaient pour 52 milliards d’euros de dette souveraine grecque, révèlent les chiffres compilés par la Banque des Règlements Internationaux (BRI) de Bâle. Dont 22,6 milliards pour les institutions allemandes et 15 pour leurs consoeurs françaises. Deux courants de pensée s’affrontaient sur la question. Pour les uns, une moins-value, même substantielle, sur ces montants est parfaitement gérable. L’Irlande vient du reste de relancer cette option de la peine partagée à propos de la dette de ses banques. Et l’Allemagne d’insister : il n’est pas question de sauver la Grèce sur le seul dos du contribuable !

Pour les autres, ce n’est pas le moment de mettre les banques en difficulté et, surtout, il ne faut pas que la sanction frappant les détenteurs d’obligations grecques ébranle les marchés et mine la confiance des investisseurs dans la zone euro. D’où ce compromis : on va restructurer la dette grecque, mais sur une base volontaire dans le chef des créanciers. Le résultat est quasiment le même, mais il n’y a pas délit quand on se fait violence soi-même…

Après le soleil, les nuages. Lundi, la tension est remontée d’un cran sur la dette grecque suite à la position plutôt dure adoptée par l’Europe : la prochaine tranche d’aide à Athènes ne sera finalement décidée que le 3 juillet, soit après le vote (en principe le 28 juin) d’un nouveau plan d’austérité. La fourmi a ses exigences ! Et les marchés ne se font pas d’illusions : à 2.000 points environ depuis la semaine dernière, les credit default swaps (CDS) sur la dette hellène indiquent une probabilité de défaut de l’ordre de 80 % durant les cinq ans à venir. Consolation pour Athènes : un sondage réalisé par Harris Pool pour le Financial Times révèle que 31 % des Allemands, 42 % des Britanniques et pas moins de 54 % des Américains estiment que leur pays sera en défaut de payement endéans les 10 prochaines années ! Stupéfiant, n’est-il pas ?

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