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La Belgique nie les problèmes

La semaine dernière, nous avons à nouveau été la cible de la presse internationale. Mais les voix des choeurs se sont vite échauffées pour entonner à l’unisson le refrain “Non, non, la Belgique n’a pas de problèmes, ce sont les insaisissables spéculateurs qui inventent des histoires”…

La semaine dernière, nous avons à nouveau été la cible de la presse internationale. Mais les voix des choeurs se sont vite échauffées pour entonner à l’unisson le refrain “Non, non, la Belgique n’a pas de problèmes, ce sont les insaisissables spéculateurs qui inventent des histoires”. Et l’individu qui ose dire ouvertement que nous devons être un peu plus critiques, est repoussé dans le coin de ceux qui souillent leur propre nid.

En deux petits bonds, la Belgique a laissé derrière elle le groupe des pays qui forment le noyau de l’euro. Les marchés financiers ne considèrent plus notre pays comme un emprunteur de qualité supérieure mais lui demandent à présent une prime d’intérêt qui se rapproche de celle réclamée à l’Italie.

Le risque de faillite accolé à notre pays et qui peut être mesuré via les primes CDS, ne correspond plus à son statut AA+. Les marchés financiers tiennent de moins en moins compte des notations officielles de S&P et de Moody’s. Car les agences de ratings regardent en arrière, accordent de l’importance au statut et font l’objet de pressions politiques. Les investisseurs internationaux savent que les notations des agences galopent derrière la réalité et sont adaptées après les faits.

En cas de stress financier, on montre du doigt les spéculateurs : c’est une tactique éprouvée. Ce groupe insaisissable de pirates financiers est le bouc émissaire préféré des entreprises et des responsables politiques qui se retrouvent dans l’£il du cyclone. Le terme spéculateur a une connotation négative et fait croire que des semeurs de panique créent des problèmes qui n’existent pas. Or dans la plupart des cas, les spéculateurs sont tout au plus la dernière goutte qui fait déborder le vase. Une débâcle est l’oeuvre d’un grand groupe ; ce sont souvent des investisseurs à long terme qui déclenchent l’assaut.

La politique de l’autruche

Mais revenons-en à la Belgique et à la débandade financière de ces dernières semaines. Les articles publiés dans le New York Times et dans The Guardian à propos des problèmes belges n’avaient certainement rien d’original. En fait, ces informations refont régulièrement surface. Et c’est une erreur d’enfoncer à chaque fois la tête dans le sable et de nier les problèmes. La crédibilité de la stratégie de la dénégation a déjà été testée à de nombreuses reprises et récemment encore en Grèce, en Irlande et même à l’échelon européen. Plus on nie, plus on s’enlise dans le marais financier.

Problèmes bancaires

Les spéculateurs ne sont pas les seuls àêtre incriminés. Les économistes sont aussi souvent pris à partie. On reproche régulièrement au petit groupe qui ose mettre le doigt sur les problèmes, de causer ainsi les difficultés. C’est comme si l’on reprochait au médecin qui pose un diagnostic de cancer, de l’avoir provoqué. En matière de santé, nier la réalité n’est pas non plus la meilleure stratégie.

La Belgique a à nouveau une dette publique élevée et nous avions tous les atouts en main pour nous débarrasser une fois pour toutes de cette image voici quelques années. Notre pays a aussi connu une grave crise bancaire. L’opération de sauvetage et surtout les garanties qui ont été accordées sans transparence à cette occasion, soulèvent beaucoup de questions. Ici aussi, le débat et l’analyse doivent se faire de façon proactive. Nier ces deux choses n’a aucun sens parce que les investisseurs n’écoutent pas les propos des “autruches”.

Transparence et anticipation

La Belgique n’est pas la Grèce et n’est pas non plus l’Irlande. Elle est cependant un peu des deux. Nous pouvons continuer à le nier nous-mêmes mais nous ne pouvons pas empêcher qu’on fasse de plus en plus cette analyse à l’étranger. La prochaine fois que la Belgique sera dans le collimateur, il ne faudra donc pas pointer le doigt vers les spéculateurs et les économistes. Mais vers les guérisseurs qui en pratiquant leur médecine douce laissent subsister des plaies nauséabondes. Aux grands maux, il faut appliquer les grands remèdes.

Réactions : trends@econopolis.be

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