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L’inflation officielle est-elle fausse ?

Malgré le fait que l’inflation “officielle” soit déjà élevée, on entend souvent que l’inflation perçue par tout un chacun l’est encore bien plus. Pourtant, aucune étude n’a jusqu’à ce jour pu montrer que l’inflation officielle serait entachée d’un biais négatif, voire même d’une erreur.

Malgré le fait que l’inflation “officielle” soit déjà élevée, on entend souvent que l’inflation perçue par tout un chacun l’est encore bien plus. Pourtant, aucune étude n’a jusqu’à ce jour pu montrer que l’inflation officielle serait entachée d’un biais négatif, voire même d’une erreur. Macroéconomiquement, la méthodologie du calcul de l’inflation est d’ailleurs irréprochable. Alors pourquoi existe- t-il une telle différence entre le calcul et la perception ?

Tout d’abord, rappelons que l’indice des prix n’est qu’une moyenne pondérée des prix, les pondérations étant basées sur les habitudes de consommation des Belges, ou du Belge moyen pourrait-on dire. Ce dernier se marie chaque année, en consacrant 1,54% de ses dépenses à l’achat d’alliances, boit du café et du déca et aime autant le bordeaux que le beaujolais…

Les fréquences d’achat jouent un rôle…

Un élément fondamental justifiant la différence entre l’inflation calculée et l’inflation perçue est dès lors lié aux fréquences d’achat. Parmi les produits pris en compte, on retrouve en effet les produits les plus fréquemment achetés mais aussi des biens que l’on achète qu’une fois tous les quatre, cinq, voire même 10 ans. Par exemple, le prix des véhicules “pèse” pour 7,2 % dans l’indice des prix à la consommation, ce qui correspond au poids de ce type d’achat dans le total des dépenses annuelles des belges. Cependant, les prix des véhicules, au même titre que les prix des meubles ou des machines à laver et des alliances n’entrent pas dans l’inflation perçue. En effet, même si un achat important pèse lourdement dans le budget de celui qui l’effectue, il y a peu de chance qu’il se rende compte de l’inflation sur le prix de ce bien, sachant que son dernier achat date de plusieurs années. La dépense sera par contre nulle pour celui qui ne procède pas à un tel achat et il est normal que son inflation perçue ne tienne pas compte de tels biens.

Le fait est que notre perception de l’inflation se centre sur les biens faisant l’objet d’achats quotidiens, à savoir les biens alimentaires et l’énergie en général. Or, actuellement, il s’agit des produits connaissant l’inflation la plus élevée. Il n’est donc pas étonnant que notre perception de l’inflation soit perturbée et qu’une distorsion s’installe entre la perception et le calcul de l’inflation.

… et “le Belge moyen” n’existe pas !

Par ailleurs, nous avons tous un comportement de consommation différent du Belge moyen, que ce soit concernant les achats fréquents ou non. Ceci écarte notre inflation personnelle de l’inflation générale. L’exemple des loyers en est presque caricatural. Il s’agit d’une dépense fréquente qui entre pour 6,2 % dans l’indice des prix. Cependant, ce poids représente des situations très différentes : un quart des ménages étant locataires de leur logement, le loyer représente en moyenne pour ceux-ci un poids de 24,8 % de leurs dépenses. Par contre, la dépense de loyer est nulle pour les trois quart des ménages. Le fait d’être locataire ou non n’est donc pas anodin vis-à-vis de l’inflation.

Heureusement, différentes études tendent à montrer que la différence d’inflation “personnelle” n’est pas liée à un niveau de revenu ou à une classe d’âge. Les différentes catégories tendent à avoir une évolution de l’inflation relativement similaire, quoi qu’en disent certains. Dès lors, des comportements très différents sont manifestement présents à l’intérieur de chaque groupe.

En conclusion, l’inflation générale est avant tout une variable macroéconomique, et sur ce plan, elle a toute sa pertinence. Plutôt que de chercher à la critiquer, des moyens doivent surtout être mis en £uvre pour comprendre par quels mécanismes précis l’inflation belge se retrouve 1 point au dessus de la moyenne européenne. Parallèlement, des applications permettant à chacun de mesurer son inflation personnelle, en fonction de ses propres choix (parfois contraints il est vrai) ne remettront pas en cause l’inflation générale. Elles pourraient par contre aider chaque consommateur à éventuellement adapter ses choix afin de se protéger au mieux contre l’inflation.

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