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L’idée de Comte-Sponville pour réconcilier morale et économie

André Comte-Sponville s’est fait une spécialité des matières économiques. En période de crise, à un moment où certaines personnes “veulent faire payer les riches”, il est intéressant d’entendre sa réflexion sur ce sujet.

Le philosophe André Comte-Sponville plaît beaucoup au grand public. Un peu comme Michel Onfray, il a l’art de rendre accessible la philosophie au plus grand nombre. La seule différence, c’est qu’André Comte-Sponville s’est fait une spécialité des matières économiques. En période de crise, à un moment où certaines personnes “veulent faire payer les riches”, il est intéressant d’entendre sa réflexion sur ce sujet.

Premier constat : le slogan “faire payer les riches” est une idée de gauche qui peut plaire sur le plan moral. C’est aussi une idée qu’on retrouve dans les Evangiles : “Il est plus facile pour un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu.” La morale commune et les Evangiles semblent être de gauche, du côté des pauvres, comme le dit André Comte-Sponville.

Le seul problème, selon lui, c’est que, pour faire payer les riches, on pourrait par exemple porter l’impôt sur la fortune ou la tranche marginale de l’impôt à 100 %. Il s’agirait cependant d’un fusil à un seul coup – et, en outre, muni d’un canon courbe. Autrement dit, une fois qu’il n’y a plus de riches, on ne peut plus les faire payer. Mauvais coup pour les pauvres… Toujours selon notre philosophe, ce coup de fusil unique ne serait même jamais tiré car les riches seront partis avant ! Ce qui appauvrirait encore plus le pays en question.

En résumé, si la morale et les Evangiles semblent être de gauche, l’économie et la lucidité penchent plutôt à droite, estime André Comte-Sponville. La lucidité pourrait se résumer par quelques questions simples : à quoi bon investir, travailler plus que son voisin, prendre des risques, innover si l’on n’a plus le droit de s’enrichir ? C’est vrai, les ethnologues ont analysé des sociétés primitives avec une totale égalité, mais qui voudrait y vivre ? Tous riches, alors ? Impossible, puisqu’on n’est riche que par comparaison avec les autres !

En conclusion, pour ce philosophe, la seule manière de réconcilier la morale et l’économie, et donc la droite avec la gauche, est de s’occuper non pas de la richesse mais de la pauvreté, qui est le vrai problème. C’est évidemment une autre manière de voir le problème de l’équité. Reste à voir si cette vision ne sera pas jugée trop partiale.

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