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“L’Etat n’a pas à payer pour Carrefour”

Au départ, c’était une affaire propre à Carrefour et à ses salariés, aujourd’hui l’affaire Carrefour est devenue nationale…Tout part d’une interview musclée de Didier Reynders au journal Le Soir au sujet des prépensions.

Au départ, c’était une affaire propre à Carrefour et à ses salariés, aujourd’hui l’affaire Carrefour est devenue nationale…Tout part d’une interview musclée de Didier Reynders au journal Le Soir au sujet des prépensions. Comme vous le savez, la prépension est un système qui permet à une entreprise de licencier une personne avant l’âge de la retraite. En principe, jusqu’à ce qu’elle atteigne l’âge légal de la pension, la personne licenciée touche le chômage et une allocation complémentaire versée par son ancien employeur.

Jusqu’à présent ce système était critiqué parce qu’il coûte cher à la collectivité. Il ne faut pas oublier que si la Belgique veut maintenir le financement de sa sécurité sociale, elle a intérêt à garder ses salariés le plus longtemps possible au travail et idéalement jusqu’à l’âge légal de la pension. Aujourd’hui, c’est rarement le cas, justement du fait de ce mécanisme des prépensions qui fait que quand une entreprise est en difficulté, elle peut faire partir ses salariés en prépension dès l’âge de 50 ans !

Et c’est là où visiblement Didier Reynders n’est plus d’accord. Il pense qu’il faut aider une entreprise quand elle va mal, mais dans le cas de Carrefour, ce n’est pas le cas, le groupe se porte bien et est même bénéficiaire. Donc, pour Didier Reynders, comme Carrefour va bien, mais que l’entreprise a quand même décidé de restructurer la Belgique pour des raisons de productivité, c’est donc à Carrefour à assumer le coût de son plan social. En clair, pourquoi est-ce que l’Etat ou la Région devrait venir aider une entreprise en bénéfice ? Autrement dit, ce que propose de Didier Reynders, c’est de garder les deniers publics pour les entreprises qui sont vraiment en difficulté !

Mais et c’est là que le débat devient animé et risque d’avoir des répercussions politiques dans les jours qui viennent, c’est que ce discours ne plait pas du tout, mais alors pas du tout au syndicat Setca. Pour quelle raison ? Parce que selon ce syndicat, le discours de Didier Reynders ne vise pas à faire payer Carrefour, mais en réalité, ce qu’il viserait via ce discours, c’est la suppression du système des prépensions.

Pour le syndicat, si on suit le ministre des Finances dans son raisonnement, la conséquence sera claire : si on force Carrefour ou d’autres entreprises à payer leur plan social, alors elles procéderont à des licenciements secs et donc, cela sera au détriment des salariés.

Pour le moment, rien ne va changer car tant la Fédération des entreprises que la ministre de l’emploi disent qu’il faut appliquer la loi sur les prépensions puisqu’elle existe mais il est clair que la crise va accélérer le débat sur le coût global des prépensions.

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