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L’Etat à nouveau inféodé aux marchés financiers
Après l’éclatement de la crise, beaucoup de voix se sont élevées pour dire que si nous en sommes arrivés là, c’est parce que l’Etat a été mis de côté au profit du marché. Or, la crise a démontré que quand le marché n’est pas réglementé, tous les abus sont possibles.
Souvenez-vous, après l’éclatement de la crise, beaucoup de voix se sont élevées pour dire que si nous en sommes arrivés là, c’est parce que l’Etat a été mis de côté au profit du marché. Or, la crise a démontré que quand le marché n’est pas réglementé, tous les abus sont possibles, y compris comme on l’a fait, vendre des produits hypothécaires à des ménages américains sans le sou, avec les conséquences que chacun connaît aujourd’hui, puisque plus personne n’est épargné par cette crise. Et d’ailleurs, quand cette crise a éclaté, on a souligné la trop grande importance de la finance dans nos économies. D’autres ont salué l’intervention des gouvernements américains et européens qui n’ont pas hésité à mettre des milliards d’euros sur la table pour sauver nos économies, même si c’est en reprenant les dettes du secteur bancaire. Bref, en Belgique, comme ailleurs en Europe, certains ont cru que c’était la revanche de l’Etat, voire le retour triomphal de l’Etat.
Or, aujourd’hui, comme le faisait remarquer le journal Le Monde, l’Etat n’est pas de retour, sauf dans l’esprit de quelques politiques !Pourquoi ? Parce que l’Etat s’est endetté pour sauver nos économies, et, passé les premières félicitations, l’heure aujourd’hui est au désendettement. Le paradoxe est là: ce sont à nouveau les marchés financiers qui poussent à ce désendettement rapide, ils poussent à ces politiques d’austérité que l’on voit partout en Europe. Donc, l’Etat après les avoir sauvés est à nouveau inféodé aux marchés financiers, car comme ces Etats sont endettés jusqu’au cou, ils dépendent d’eux pour leur financement. En plus, si l’on excepte la France, la plupart des pays en Europe ont voté à droite, que ce soit en Espagne, en Italie, en Grande-Bretagne, c’est-à-dire pour des partis qui prônent un retrait de l’Etat et prennent des mesures pour en réduire fortement la taille. Donc, c’est paradoxal, mais si les marchés financiers ont été sauvés par l’Etat, ce sont ces mêmes marchés financiers qui poussent aujourd’hui à moins d’Etat. Cela me fait penser à une phrase de l’ancien banquier d’affaires Antoine Bernheim : “la reconnaissance est une maladie du chien non transmissible à l’homme”.
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