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L’Espagne victime du mariage de la politique et de la finance

L’Espagne va mal, ses banques vont mal et sa population souffre car la date de sortie de crise semble à chaque fois s’éloigner un peu plus.

L’Espagne va mal, ses banques vont mal et sa population souffre car la date de sortie de crise semble à chaque fois s’éloigner un peu plus. Quant à son gouvernement, par fierté nationale déplacée, il a refusé jusqu’à présent toute forme d’aide de l’Union européenne, voire du FMI. Pendant ce temps, la crise s’aggrave. Hier encore, l’agence de notation Fitch a dégradé la note de l’Espagne de trois crans.

Pour comprendre cette descente aux enfers des banques espagnoles, il faut prendre un exemple. Le meilleur exemple – ou plutôt le pire – est celui de la ville de Valence. Si l’on remonte le temps, au milieu des années 1990, on retombe en pleine fièvre immobilière. A l’époque, Valence est la vitrine du boom immobilier espagnol. Le maire de l’époque, aussitôt élu, modifie la législation sur les banques d’épargne locales. Avant, les hommes politiques ne pouvaient occuper plus de 35 % des sièges du conseil d’administration de ces banques locales. Grâce à sa modification, ils peuvent en prendre le contrôle avec 50 % des sièges.

Premier résultat : les vrais banquiers, les vrais gestionnaires sont mis de côté au profit des politiques. Deuxième résultat quasi immédiat : les politiques au pouvoir de ces banques régionales se font les complices des promoteurs immobiliers et, disons-le tout net, ils ont pu agir quasi sans contrôle pendant des années.

Sous la houlette de ces hommes politiques, la région de Valence se met à financer n’importe quel projet, du moment qu’il soit prestigieux ou pharaonique. Tout cela, bien entendu, grâce à l’argent du contribuable. Cela va d’un circuit de Formule 1 complètement délirant, jusqu’à un aéroport sur lequel aucun avion n’a jamais décollé ou atterri.

Bref, c’est la débauche financière la plus complète. Mais ce n’est pas tout. Les promoteurs amis de ces hommes politiques devenus banquiers se mettent à construire des logements au-delà de la demande réelle. Le résultat de toute cette folie, c’est qu’on estime que, sur les 2,5 millions de logements vides en Espagne, environ un quart se trouvent dans la région de Valence.

Quand la crise financière internationale éclate et que le marché immobilier plonge, tout le monde se rend subitement compte que tous ces projets immobiliers ne valent plus grand-chose. Il est toutefois trop tard et les banques régionales qui ont soutenu cette frénésie immobilière sont en faillite. L’Etat espagnol vole à leur secours et les patrons de banques quittent leur poste avec un beau chèque de départ.

Depuis lors, la population souffre mais aucune enquête parlementaire n’a été ouverte sur la gestion catastrophique de ces banques. C’est là que l’on se rend compte que des politiques à la tête d’une banque, cela finit toujours mal. Ne croyez pas que ce soit un mal uniquement espagnol : chez nous, l’exemple de Dexia a aussi démontré que le mariage politique et finance finit toujours par un divorce payé par les contribuables.

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