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L’économie a-t-elle du coeur ?

A la sortie d’une semaine qui a secoué tout le pays et au-delà, il est difficile de faire abstraction de la catastrophe de Sierre, comme s’il ne s’était rien passé.

Quel lien entre un affreux drame de la route et l’économie ? L’humain, tout simplement. Cette richesse qui lie tout un peuple dans la douleur. Les êtres humains sont capables d’empathie, de courage, de dignité, etc. Toutes ces qualités constitutives de notre humanité, quelles que soient nos convictions, notre langue, notre sexe ou notre couleur de peau, ne sont-elles pas un moteur pour la société dans toutes ses activités, y compris économiques ?

Le secteur de l’économie et de la finance serait-il un monde sans foi ni loi, sous le joug de la seule brutalité des chiffres ? Oui, reconnaissons-le, c’est partiellement une réalité, principalement à l’aune de l’économie mondiale.

La situation est quelque peu différente dans notre tissu économique, essentiellement constitué de PME. A ce niveau, toute entreprise est d’abord une aventure humaine. N’entend-on pas nombre de CEO affirmer que leur plus grande richesse, ce sont leurs équipes ? Et les associés en affaires ne sont-ils pas régulièrement des amis ?

Il est un fait interpellant : l’avènement des nouvelles technologies de communication a certes modifié nos comportements mais n’a pas supprimé pour autant les contacts réels. Les gens ont encore besoin de se rencontrer pour faire affaire. Les activités de réseautage restent très prisées, sous des formes variées allant du professionnalisme extrême à la détente extrême. Le succès des clubs et des cercles en témoigne. Connaître du monde, avoir des relations, savoir à qui s’adresser… : même parfois empreintes d’hypocrisie, ces formules sont toujours d’actualité.

Si la poignée de main est aujourd’hui marginale, la parole donnée fait encore office de contrat pour certains dans un monde où les conventions hyper sophistiquées prédominent. Beaucoup d’affaires se réalisent d’abord entre des acteurs qui se connaissent et se font confiance. Un tel climat humain ne peut que pousser les uns et les autres à donner le meilleur d’eux-mêmes vis-à-vis de leurs collègues, de leur patron, de leurs clients.

Angélisme ? En partie peut-être, mais pourquoi occulter cette facette de la réalité économique ?

Un autre élément consécutif à cette tragédie pousse à la réflexion.

Anecdotique à côté des souffrances personnelles, la dimension nationale de cet événement a également une portée politique. Fortement décrié dans le nord du pays, le Premier ministre Elio Di Rupo et son gouvernement ont géré la situation avec compétence mais surtout avec le ton qui sied en de telles circonstances, comme l’a même reconnu Bart De Wever, président de la N-VA. Permettez-nous, pour une fois, de procéder à une lecture sous l’angle communautaire ; les trois personnalités politiques les plus impliquées compte tenu de leurs responsabilités (Premier, ministre de l’Intérieur et ministre de la Santé) sont francophones et l’émoi de la population a traversé les frontières, fussent-elles linguistiques.

Le sentiment national a donc refait surface, du fond des coeurs, qu’ils battent dans n’importe quelle poitrine des trois communautés de Belgique. Dans le contexte actuel, ce n’est pas anodin.

D’ailleurs, à la lumière du drame de Sierre, les récentes querelles de bacs à sable politiques qui ont prévalu en marge de la mission économique princière au Vietnam, apparaissent encore plus affligeantes.

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