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L’autre face cachée de notre économie

Nous vivons décidément une époque hors du commun. Crise financière, crise politique. En Belgique, à l’international. Il est difficile de prévoir l’avenir, même à court terme. Rétrospectivement, les crises pétrolières, des charbonnages ou encore sidérurgiques apparaissent plus simples à gérer, sans sous-estimer leur gravité.

Tout est remis en cause. Le centre du monde se déplace vers l’Est et la perte d’influence de l’Europe est indéniable. Le développement technologique ne cesse de s’accélérer. Arrêtons là !

Dans ce contexte, il faut saluer les entrepreneurs qui continuent à prendre des risques. C’est encore plus vrai ces dernières années en raison de la frilosité des banques globalement moins disposées à financer le développement des entreprises ou tout simplement à maintenir des lignes de crédits pourtant parfois synonymes de bouteilles d’oxygène.

Les statistiques le démontrent : la Belgique est un pays de PME.

En Wallonie par exemple, selon les données publiées la semaine dernière par l’Union wallonne des entreprises, la taille moyenne des 71.000 entreprises du secteur privé en activité s’élève à 9,1 personnes, le score national s’affichant à 10,7. En fait, 83 % de ces entreprises emploient moins de 9 personnes ! Au bout du compte, les PME répertoriées comme telles si elles occupent moins de 200 personnes, représentent 99,5 % du total des entreprises (99 % à Bruxelles pour près de 30.000 employeurs selon les relevés de l’ONSS), la Wallonie ne comptant dans ce solde inférieur à 0,5 % que 307 grandes entreprises, chiffre tout aussi interpellant. Ces PME emploient plus de 78,5 % des salariés du secteur privé dans le sud du pays, soit près de 510.000 personnes.

Ce sont principalement ces entrepreneurs qui font tourner l’économie réelle, créant de la valeur non spéculative. Pourtant, ils sont le plus souvent discrets, le nez pointé dans le guidon au risque de sous-estimer l’innovation et la nécessaire bonne information. Et tous ne sont pas prospères. Derrière les faillites, il y a bien souvent des drames familiaux.

2010 avait été une année record avec près de 10.000 cessations d’activités, près de 30 par jour (dont une moitié émanant du commerce et de l’horeca). Selon le SPF Economie, les huit premiers mois de 2011 en affichent 6.256. Sur la dernière décennie, le nombre moyen de pertes d’emploi par faillite atteint 2,5. Malgré ces chiffres, l’emploi a légèrement progressé l’an dernier dans les PME belges qui, pour la grande majorité, détiennent le pouvoir de décision, à l’inverse de nombre de grandes sociétés dirigées depuis des capitales étrangères.

C’est dire s’il convient de prendre en compte cette multitude de petits acteurs ; au bout du compte, ils produisent une part très importante de la richesse de notre pays. Cela étant, il est évident que les grandes entreprises sont tout à fait essentielles pour notre économie, pour des raisons multiples. On retiendra entre autres, afin de rester dans le propos, qu’elles fournissent beaucoup de travail au tissu de PME local.

Néanmoins, si les projecteurs sont avant tout braqués sur ces grandes entreprises, cotées en Bourse ou non, cette situation ne doit pas occulter une réalité, beaucoup plus proche du citoyen.

D’ailleurs, en adoptant en 2008 le Small Business Act, la Commission a exprimé sa volonté de reconnaître le rôle essentiel joué par les PME en établissant, pour la première fois, un cadre politique global pour l’Union européenne et les Etats membres. Le gouvernement wallon s’apprête, dans cet esprit, à rassembler 60 PME sélectionnées par leurs organisations représentatives. C’est ainsi qu’une sorte de parlement des PME se réunira le 5 octobre à La Hulpe.

On espère que les négociateurs politiques du fédéral placeront à sa juste valeur ce tissu de PME vital pour notre économie.

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