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J’étais malade dimanche, alors …

… Je ne suis pas venu lundi ! La boutade aura, aux oreilles de certains, des relents d’ironie patronale déplacée à l’égard des acquis sociaux obtenus par les “travailleurs”.

On l’a pourtant entendue dans la bouche d’humbles salariés, signe que la récupération des jours de vacances gâchés par un méchant microbe ne semble pas aussi naturelle que le repos hebdomadaire ou le congé de maternité. On peut évidemment rétorquer à cela, et non sans pertinence, que le travail des enfants dans la mine paraissait naguère aller de soi…

L’arrêt rendu la semaine dernière par la Cour de justice de l’Union européenne fait en tout cas des vagues. Le fait que le salarié puisse ultérieurement récupérer les jours de congé “perdus” pour cause de maladie durant ses vacances relève du simple bon sens, estiment les syndicats. C’est un coût supplémentaire pour les entreprises en ces temps déjà difficiles, rétorquent les organisations patronales. Rien de très inattendu. Remarquons au passage que le Voka, l’organisation patronale flamande, la joue finement en soulignant que ces vacances compensatoires alourdiront encore davantage le boulot des collègues. Malin, cet argument-là ! D’aucuns ont aussi évoqué le risque accru de fraude lors d’un séjour à l’étranger. Sans nul doute. On se souvient de ce Belge qui réclamait des allocations familiales pour ses enfants adoptés. Des documents (en principe) très officiels en provenance d’un pays exotique lui en attribuaient près de 10.000 ! Il ne faut pas aller jusqu’au coeur de l’Afrique pour obtenir un certificat de complaisance, à en croire certaines rumeurs, mais il est clair que les possibilités de contrôle diminuent par-delà les frontières.

Le couple infernal congé-maladie a déjà fait l’objet de nombreuses controverses et de plusieurs arrêts de la Cour européenne. Un congé de maladie prolongé n’empêche pas le salarié d’ensuite prendre ses congés, même si la période de référence (par exemple l’année civile) est révolue, a- t-elle affirmé en 2009, dans le cas d’une fonctionnaire française. Il n’en va pas de même pour une personne en incapacité de travail durant plusieurs années : le congé a alors perdu sa qualité de temps de repos, tandis que les perturbations pour l’employeur seraient excessives. C’est ainsi que la Cour a tranché en novembre dernier, à propos d’un employé allemand en incapacité de travail pendant six ans suite à un infarctus. Un peu curieusement, elle avait déjà statué sur la maladie intervenant durant les congés en date du 10 septembre 2009. L’arrêt de la semaine dernière n’est donc qu’une confirmation.

Quoi qu’il en soit, il est clair qu’au-delà des polémiques du moment, cette compensation des congés (plus ou moins) perdus ressort de choix de société fondamentaux. Exactement comme la prolongation des congés de maternité et paternité, ou encore le congé parental. Ainsi que l’âge de la retraite et l’étendue de la couverture médicale. On préférera sans nul doute l’approche européenne à l’attitude américaine. Comment comprendre que même un modeste employé d’Atlanta puisse y qualifier d’encouragement au parasitisme la couverture sociale proposée par le président Obama, alors que lui-même risque d’en avoir prochainement besoin tant son emploi est précaire ? Faire le bon choix (européen) suppose toutefois d’en comprendre et d’en accepter les conséquences. Plus de congés et de protection sociale, cela coûte tant à l’entreprise qu’à la collectivité. Cela signifie donc, par définition, un peu moins de salaire et un peu plus d’impôt. Si on est d’accord…

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