Uplace : le dialogue politique impossible ?

Uplace, à Machelen. © DR

Tandis que le gouvernement flamand tente de résoudre les tensions internes nées autour du projet Uplace, le méga-centre commercial prévu à Machelen révèle aussi l’impossibilité de se concerter entre Régions bruxelloise et flamande.

Le gouvernement flamand tente de résoudre les tensions internes autour de Uplace

Le gouvernement flamand tentait vendredi matin de déminer les tensions entre partenaires après la décision de la ministre (CD&V) Joke Schauvliege d’accorder le permis environnemental pour le centre commercial Uplace à Machelen (lire aussi l’encadré ci-dessous). La vice-ministre-présidente (SP.a) Ingrid Lieten a qualifié la décision d’incompréhensible, ce qui a entraîné des réactions violentes de ses collègues CD&V et N-VA.

Le dossier Uplace a provoqué de profondes dissensions au sein du gouvernement flamand. Le SP.a a pris ouvertement ses distances avec la décision, une attitude qui passe très mal au CD&V et à la N-VA. Ces partis considèrent l’attitude des socialistes flamands comme déloyale et disent attendre du SP.a qu’il respecte les accords intervenus antérieurement sur ce dossier.

Avant le début de la réunion du gouvernement flamand, le ministre (N-VA) Geert Bourgeois a répété ses critiques : “Un parti a pris publiquement ses distances avec une décision prise collégialement. Ce parti a précédemment négocié et cosigné des contrats. C’est un problème pour le SP.a et nous allons voir s’il est possible de trouver une solution.” Son collègue Philippe Muyters, également N-VA, a ajouté qu’il fallait “éclaircir les choses”.

Les trois ministres SP.a Freya Van den Bossche, Pascal Smet en Ingrid Lieten sont entrés ensemble et sans faire de commentaire au cabinet du ministre-président. Ingrid Lieten s’est contentée de lancer que “tout va rentrer dans l’ordre”.

Pour alimenter la polémique, l’ancienne ministre Patricia Ceysens (Open VLD), qui a amené ce dossier en son temps sur la table du gouvernement flamand, a rappelé vendredi matin que le SP.a avait alors soutenu le projet. Elle parle d’un retournement d’attitude des socialistes flamands qui démontre que ce parti ne donne aucune sécurité juridique aux entreprises.

L’accord sur l’assainissement du terrain a été passé avec Uplace en 2009 par le précédent gouvernement flamand composé du CD&V, du SP.a et de l’Open VLD. “Kathleen Van Brempt a marqué son accord sur le volet mobilité et Frank Vandenbroucke, qui vient du Brabant flamand, était d’accord avec le projet ; Frank Vandenbroucke n’est pas quelqu’un qui donne son accord à la légère”, a-t-elle dit.

Kathleen Van Brempt et Frank Vandenbroucke étaient ministres SP.a dans le précédent gouvernement flamand.

Uplace : Charles Picqué déplore qu’il n’ait pas été possible de se concerter entre Régions

Le ministre-président bruxellois, Charles Picqué, a une nouvelle fois déploré jeudi qu’il n’ait pas été possible d’organiser une concertation entre les Régions flamande et bruxelloise pour définir les modalités d’amélioration de l’offre commerciale au nord de la capitale.

Interrogé par l’agence Belga, il s’est volontairement abstenu d’analyser en détail le projet de méga-centre commercial Uplace “qui ne concerne formellement que la Région flamande”. “Le projet Uplace est sorti des tiroirs après les études que nous avions menées au sujet du déficit de l’offre commerciale au nord de Bruxelles. Nous avons déjà déploré le manque de concertation dans le cadre du plan de développement stratégique de la Flandre pour la zone entourant Bruxelles.”

Pour lui, il est un peu tôt pour dire si la délivrance du permis d’environnement influencera le processus en cours pour le projet Neo sur le plateau du Heysel. Le centre commercial envisagé à cet endroit est toutefois de taille plus modeste puisqu’au stade actuel, il est prévu de lui réserver un maximum de 72.000 m², un chiffre que Charles Picqué compare avec le “gigantisme” du projet Uplace.

“Si l’on fait abstraction du fait que l’on est Bruxellois ou de Flandre, en tenant compte du fait que la Ville de Bruxelles veut redynamiser le pôle commercial de la rue Neuve, plusieurs éléments démontrent que le dossier est plus simple à concrétiser au Heysel.” Il n’a ainsi pas été prévu de lui adjoindre des bureaux et la desserte en transports en commun existe déjà.

Charles Picqué a par ailleurs souligné que le projet de centre commercial au Heysel était déjà inscrit voici quelques années dans le Plan de développement international de Bruxelles, où il a été conçu dans l’optique de faciliter le financement du Centre international de congrès.

Trends.be, avec Belga

Uplace : la question du montage financier

Au total, rappelle Uplace, cette décision d’octroi de permis d’environnement a été précédée de pas moins de 14 avis de différentes instances gouvernementales, quasiment tous positifs. La décision de la ministre de l’environnement, qui devait statuer en appel sur la demande, constitue donc l’aboutissement logique de ce processus.

La société Uplace, qui attend de prendre connaissance du contenu du permis, se déclare d’ores et déjà enthousiaste et confiante dans la réalisation effective du projet, qu’elle entend toujours lancer courant 2013 pour ouvrir le site au public courant 2016. Reste à aborder le point le plus stratégique : celui du montage financier du projet. Bart Verhaeghe, bouillant patron d’Uplace, également président du FC Bruges, peut compter sur un solide carnet d’adresses international.

Philippe Coulée

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