Trois nouvelles plateformes digitales très pratiques pour construire ou rénover

© Roomin.be

Les Belges ont beau être nés avec une brique dans le ventre, construire ou rénover reste pour beaucoup un accouchement douloureux. Une variété de nouvelles plateformes digitales peut vous faciliter ce processus.

Les candidats à la construction et à la rénovation parviennent aisément à trouver leur bonheur sur le Net. De l’inspiration, on en trouve sur Pinterest. Des informations pratiques, sur Livios. Et tous les architectes sont sur Architect.be. Mais il manquait encore un lieu digital qui rassemble le tout en Belgique. Jusqu’à peu du moins, car pas moins de trois plateformes globales pour la construction et la décoration d’intérieur ont été lancées en avril et en mai.

La première fut Roomin, une idée de la blogueuse Stephanie Duval et de Nele Pieters, surtout compétente en marketing et en économie. Ensemble, elles dirigent aussi l’agence stratégique et créative Rpprt.

Roomin est un amalgame de différentes initiatives: un site web rempli d’inspirations et d’informations substantielles, un appartement aménagé tous les six mois par un architecte d’intérieur, des ateliers et encore bien plus. Tout tourne autour du storytelling, la dernière hype au pays du marketing. Nele Pieters: “C’est vrai, mais nous l’abordons de manière très différente de la plupart. Le storytelling est souvent unidimensionnel et superficiel, en fait rien de plus qu’un message publicitaire emballé. Les consommateurs le perçoivent immédiatement. C’est pourquoi nous offrons un storytelling approfondi et multiniveau. Cela demande plus de temps, donc plus d’argent, mais sur le long terme, c’est la meilleure manière de vendre.”

À quoi cela ressemble-t-il, ce type de storytelling qualitatif ? “Au lieu de raconter une seule histoire, nous en créons plusieurs: concernant le produit même, à propos des personnes qui le réalisent avec énormément de passion, au sujet des intérieurs dans lesquels il est utilisé, et ainsi de suite. Cela continue aussi offline: dans l’appartement, vous trouvez ici et là des citations inspirantes de personnes connues, auprès desquelles nous mentionnons un nom de marque qui convient à cette citation. Les consommateurs voient bien sûr que l’appartement est sponsorisé. Nous ne le faisons pas de manière insidieuse. Le plus important est que nous les mettons en contact avec une marque sans devenir trop pushy. Il ne faut pas qu’ils aient le sentiment qu’on les incite à l’achat.” Roomin n’a également rien à y gagner. À partir des photos d’inspiration, vous pouvez cliquer vers les boutiques en ligne qui vendent les produits, mais Roomin ne prend intentionnellement aucun pourcentage. “Si nous commençons avec ça, nous ne pourrons plus offrir de contenu objectif. Nous ferions alors de la vente.”

Disney

Roomin a des partenaires, comme Boss Paint, SieMatic, Desco et Deltatlight, qui, en échange d’un montant fixe, se voient accorder de l’attention sur le site. Tous les textes et toutes les photos sont réalisés par une équipe de dix ‘insiders’: des jeunes femmes qui ont aussi souvent elles-mêmes un blog. Les marques ne publient rien elles-mêmes. Roomin aide aussi ses partenaires avec les médias sociaux. “Pour eux, c’est encore souvent une black box: ils n’ont aucune idée des possibilités et de la manière de les aborder. Roomin le fait donc pour eux.”

Chaque jour, de nouveaux projets et de nouvelles photos sont mis en ligne. L’intention est d’à chaque fois attirer les consommateurs vers le site. Pieters appelle cela le principe Disney: “Vous pouvez regarder un tel film d’animation encore et encore, vous y voyez à chaque fois quelque chose de nouveau. Adultes et enfants en retirent des choses différentes, parce qu’il s’agit d’une histoire avec différents niveaux. C’est précisément ce que nous désirons atteindre.”

Les partenaires n’étaient pourtant pas directement convaincus par la nouvelle approche. “On investit plus facilement dans des publicités que dans ce type de storytelling, parce que les magazines ont une plus grande portée que notre site. Mais nos visiteurs sont toutefois par définition intéressés”, plaide Pieters. Pour aller sur Roomin, on doit créer un profil gratuit. Les premières semaines après le lancement le 1er avril, des milliers de personnes l’avaient déjà fait. Pieters: “Ce sont surtout des personnes jeunes, qui viennent d’acheter leur première maison ou leur premier appartement. Leur budget n’est pas énorme, mais ils désirent investir dans de belles choses. Ils achètent parfaitement conscients et ils sont réceptifs à une belle histoire.”

Le Facebook pour les personnes qui rénovent

Début mai, Casasutra a également vu le jour. L’ambition de l’architecte et initiateur Steve Herzeel n’est pas rien: construire la plus belle plateforme liée au logement du monde. “Les personnes qui habitent volontiers dans du beau désirent également passer du temps en ligne dans un environnement agréable. Cela manquait encore en Belgique”, pense Herzeel. Ces deux dernières années, il a travaillé à Casasutra avec des programmeurs. “En tant qu’architecte avec dix-huit années d’expérience, je connais le secteur de fond en comble. Je sais où se trouvent les points sensibles chez les consommateurs et chez les professionnels.” Quand on surfe sur Casasutra, on voit que le look & feel est totalement différent que sur Roomin. Ce dernier tourne surtout autour de la décoration et de la vie à la maison. Les intérieurs doivent paraître habitables et réalisables. Casasutra met l’accent sur les réalisations architecturales et s’adresse à un segment de marché plus élevé.

Le format aussi est différent. Si Roomin est le Pinterest de la construction, alors Casasutra est le Facebook de ce secteur. Les professionnels comme les architectes (d’intérieur) et les magasins d’aménagement intérieur peuvent créer un profil et mettre eux-mêmes des projets en ligne. Ceux-ci apparaissent alors dans le newsfeed des visiteurs, qui peuvent aussi liker les publications et les sauvegarder. “Comme nous désirons être une plateforme de haute qualité, les professionnels doivent introduire une demande pour pouvoir figurer sur le site. Du beau matériel visuel et une finition de qualité sont nos critères. Nous ciblons le haut de gamme avec des beaux matériaux, du savoir-faire artisanal et un rayonnement personnel et nous privilégions le travail sur mesure au mainstream”, explique Herzeel. Pour l’instant, 115 professionnels s’y trouvent, tant des noms établis que des talents émergents. Casasutra fait aussi la transposition vers le offline. Les marques peuvent mentionner des commerçants locaux, où les personnes intéressées peuvent trouver les articles qui se trouvent sur le site. Contrairement à Roomin, les professionnels ne paient pas pour se trouver sur le site. Herzeel: “Nous désirons principalement avoir le plus d’utilisateurs possible, tant du côté des professionnels que de celui des consommateurs. Les profils gratuits contribuent à cet objectif. Je n’ai pas encore de vrai modèle de profit, mais je sais pertinemment bien qu’un site avec beaucoup de trafic a de la valeur.”

Le Batibouw digital

Le troisième nouveau venu belge, ConstructR, applique encore un autre système. Le site permet aux architectes de publier leurs projets gratuitement. Pour cela, les entreprises de construction, les spécialistes en cuisines et les autres firmes du secteur de la construction paient un abonnement annuel. Il y a un seul annonceur: une banque qui offre des crédits hypothécaires.

Le cerveau derrière ConstructR est le jeune Bruxellois Alexandre François, qui avait déjà créé un site web de type pages blanches, où les aspirants constructeurs pouvaient trouver un architecte sur base de leur code postal. “Le problème était qu’il n’y avait aucune photo. Les personnes intéressées n’avaient donc aucune idée de ce qu’un architecte particulier avait à proposer. C’est ainsi qu’est née l’idée de créer un nouveau site, beaucoup plus visuel. ConstructR est également un complément aux sites web qui fournissent des informations sur la construction, mais ne proposent aucune inspiration. En fait, avec ConstructR, nous désirons être une sorte de Batibouw digital: une bourse ouverte jour et nuit”, explique Thibault Van Dessel, un des responsables.

Six semaines après le lancement, ConstructR avait déjà plus de 2.000 visiteurs par jour. Quelque 5 à 10% créent un profil. Sur requête des utilisateurs, à côté des réalisations, on accorde aussi de l’attention aux matériaux, comme les châssis, le carrelage et les baignoires. Ceux-ci pourront être tagués sur les photos. Van Dessel: “Notre force est que nous n’avons rien à vendre. ConstructR fonctionne purement comme un maillon intermédiaire: le candidat constructeur peut, via notre site, prendre directement contact avec un professionnel.”

En dehors de ces trois nouveaux venus belges, on trouve un acteur international d’origine américaine, le site Houzz, un poids lourd du secteur déjà présent du côté francophone via le site français. Houzz travaille à une version néerlandophone. Avec ses 40 millions de visiteurs uniques par mois, Houzz a déjà treize sites locaux en dehors du site original américain, notamment en Russie, au Japon, en Australie, en Italie et en France. Houzz a 40 millions d’utilisateurs, tant des professionnels de l’intérieur que des amateurs. En octobre 2014, la valeur avait été estimée à 2,3 milliards de dollars.

Le modèle de profit de Houzz est bien plus large que celui de ses équivalents belges. Les professionnels y ont accès gratuitement, mais ils peuvent également se créer un profil payant qui leur donne plus de visibilité. A cela s’ajoutent les revenus générés par la publicité via des commissionx sur la vente lorsque les clients cliquent à partir du site.

Iris De Feijter

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