Tour des finances à Liège : le ministre Henry critiqué

© Befimmo

Le ministre wallon de l’Aménagement du territoire a confirmé l’octroi du permis unique au projet de tour des Finances dans le quartier des Guillemins, à Liège. A la grande colère de l’asbl urbAgora, qui pointe les faiblesses du dossier… et dénonce l’attitude de Philippe Henry.

Philippe Henry, ministre wallon de l’Aménagement du territoire, a confirmé vendredi l’octroi du permis unique au projet de tour des Finances dans le quartier des Guillemins, à Liège. Il précise que ce bâtiment s’inscrit dans un contexte plus global, primordial pour l’avenir de Liège.

“Un tel espace est unique en Wallonie, tant au niveau de son ampleur que de sa position, juge le ministre. Le quartier est un enjeu important à l’échelle wallonne. Cette tour est la meilleure réponse aux défis énergétiques et économiques en matière de développement de bureaux et sa position permet l’usage des transports en commun.”

Des recours contre la tour avaient été introduits par la SNCB et des riverains, mais ils ont été rejetés : “Il m’était difficile de refuser ce permis car il n’est pas contradictoire au CU2, certificat d’urbanisme accordé en 2008”, répond le ministre, qui avoue s’enthousiasmer davantage pour le projet d’aménagement du quartier que pour celui de la tour.

Tour des Finances à Liège : les 3 conditions d’urbAgora

L’asbl urbAgora regrette vivement cette décision : “Si nous ne nous sommes jamais opposés au principe d’une tour, nous avons toujours affirmé que celle-ci n’était acceptable qu’à trois conditions”, indique-t-elle sur son site Internet.

Condition n° 1 : l’organisation d’un concours d’architecture. “L’impact paysager d’une telle construction, qui sera visible depuis de très nombreux points du territoire, suppose une exigence de qualité renforcée. En laissant, dans sa procédure de sélection, toute latitude au promoteur sur ce plan, la Régie des bâtiments s’est montrée particulièrement désinvolte à l’égard de la ville et de ses habitants. Les autorités communales puis régionales auraient pu – dû – réagir et insister sur cette dimension, notamment en conditionnant la délivrance du certificat (CU2) puis du permis d’urbanisme à l’organisation d’un concours d’architecture. Il n’en a rien été.”

Résultat, selon l’asbl : “Ce projet est loin d’être à la hauteur de l’ambition architecturale affirmée, au cours des dernières années, par les autorités communales, qui parlent volontiers, à propos des Guillemins, d’un axe du 21e siècle.”

Condition n° 2 : une mixité fonctionnelle. “Une tour située à cet endroit aurait dû, selon nous, intégrer du logement et/ou d’autres fonctions susceptibles d’animer l’esplanade et d’éviter que la tour ne soit visuellement morte dans le paysage à partir de 17 h. En laissant construire un colosse monofonctionnel, on stérilise tout un pan de ville. On espérait une esplanade vivante et animée, on risque d’avoir un désert venteux.”

Condition n° 3 : le respect du gabarit envisagé dans le plan Dethier. “La construction en hauteur peut se justifier dans certaines circonstances. Elle doit cependant s’inscrire dans un contexte. Nous considérons que le gabarit (75 m) envisagé dans le masterplan réalisé par Dethier et alii à la demande de la Ville constitue une échelle adéquate. L’immeuble démesuré (138 m avec la flèche) et extrêmement massif (particulièrement vue depuis la rue de Fragnée ou la gare) proposé par Fedimmo n’est pas adapté à l’environnement dans lequel il prétend s’intégrer.”

Tour des Finances à Liège : l’attitude du ministre “fait penser à celle qu’il a tenue dans le dossier City Mall à Verviers” (urbAgora)

L’attitude du ministre Henry dans ce dossier “fait penser à celle qu’il a tenue dans le dossier City Mall à Verviers, compare encore urbAgora. Sous prétexte de défendre la centralité urbaine, il a, dans les deux cas, autorisé des projets inadaptés à leur contexte et particulièrement médiocres, recourant dans les deux cas à un argumentaire hybride assez déconcertant qui mélange une posture formelle (selon laquelle la décision serait juridiquement mécanique et donc pas ou peu politique) et une appréciation de fond (sur la pertinence des projets, notamment en lien avec le thème de la centralité, voire, dans le cas présent, sur leur nécessité).”

L’absl note au passage que, “dans les deux cas, celle-ci va violemment à l’encontre de la position défendue par son parti au niveau local”. Et d’affirmer “que la centralité urbaine ne peut être défendue sans un travail sur l’architecture. L’intervention dans des contextes urbains complexes suppose en effet sensibilité, subtilité et capacité de dialogue – qualités notoirement absentes du processus ayant abouti au projet face auquel nous nous trouvons.”

Dernier espoir d’urbAgora : “Que, comme il l’a fait à Verviers, le Conseil d’Etat donne raison aux riverains requérants dont nous devons constater, face à de tels projets, qu’ils deviennent des défenseurs de l’intérêt général.”

Trends.be

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