“Realty doit devenir le Davos de l’immobilier belge”

Mathieu Van Marcke, directeur général de Realty © PG

Le salon dédié aux professionnels de l’immobilier belge se tiendra les 16 et 17 mai à Tour & Taxis. Une année de transition avant un déménagement à Knokke en 2019 qui résonnera comme un nouveau départ. Repositionnement du produit, déplacement au mois de septembre, droit d’entrée plus élevé et recentrage sur les vrais besoins des acteurs de l’immobilier. Les ambitions sont grandes. Reste à voir si le public suivra.

L’homme jongle avec un agenda chargé. Ce qui ne semble pas vraiment le perturber. Bronzé, parfait bilingue et fin connaisseur du monde immobilier, Mathieu Van Marcke, est l’un des hommes à suivre dans le paysage immobilier belge. Patron de l’agence de communication Hooox depuis 2006, ce Courtraisien de 43 ans a repris les rênes de Realty l’an dernier. Organisé par le groupe belge Easyfairs-Artexis, ce salon se cherche clairement un nouveau souffle. Il ira prendre le vent dès l’an prochain sur la côte belge. Une évidence en quelque sorte.

TRENDS-TENDANCES. Realty déménagera à Knokke en 2019. Une question de survie ?

MATHIEU VAN MARCKE. Non, pas du tout. Car Realty se porte très bien financièrement. Mais quand Eric Everard ( propriétaire et CEO d’Artexis Easyfairs, Ndlr) m’a sollicité pour reprendre le flambeau en février 2017, le plan d’action était assez clair. Gregory Olszewski a lancé Realty et en a fait le plus grand rassemblement immobilier belge pendant sept ans. Ce salon a ensuite périclité les trois années suivantes. Ma mission est de le faire évoluer et de lui donner un nouveau souffle.

Avec quels moyens d’action ?

J’estime avant tout qu’il ne s’agit pas d’un salon mais d’un événement immobilier. C’est un repositionnement important. Il y avait aussi clairement un souci de qualité. Realty attire de plus en plus de fournisseurs de services et de produits. Ce qui fait que le secteur immobilier n’y trouve plus sa place. Ce sont des éléments qui sont notamment ressortis de l’ advisory board que j’ai mis sur pied et qui rassemble quelques-uns des plus grands représentants du secteur, dont Eric Verbeeck (Upsi), Kim Verdonck (CBRE), Amaury de Crombrugghe (AG Real Estate), Sandrine Jacobs (Immobel), Jean-Michel Jaspers (Jaspers-Eyers) ou encore Kasper Deforche (Wereldhave).

Il s’agit d’un investissement sur l’avenir. Je suis convaincu qu’en se repositionnant sur le coeur de l’immobilier, ce sera une réussite à long terme.

Par quoi passera cette nouvelle impulsion ?

Premier constat : pour donner un nouvel élan, il faut déménager. A Bruxelles, nous n’avons pas trouvé de lieu adéquat. Knokke s’est alors très vite imposé. Le lieu est accessible et neutre linguistiquement.

Rassembler les professionnels de l’immobilier au bord de la mer, avec plage, terrasses et éventuellement le soleil. On ne peut s’empêcher de voir une copie conforme du Mipim de Cannes qui attire chaque année 1.300 Belges. Ne craignez-vous pas un air de déjà vu ?

Notre but n’est clairement pas de faire un petit Mipim. Avec le Casino, nous disposons d’une infrastructure qui permet d’augmenter le côté exclusif de l’événement. Ce sur quoi nous souhaitons mettre l’accent, avec un retour vers le secteur immobilier, la présence de davantage de décideurs et l’envie de faciliter le matchmaking. Soit les réunions entre secteurs privé et public. Le matchmaking entre politiques et acteurs immobiliers est un élément sur lequel nous voulons vraiment mettre l’accent. Realty doit, en quelque sorte, devenir un petit Davos belge pour le monde immobilier. Nous allons aussi proposer des espaces de travail. Et à côté de cela, il y aura des événements. En résumé, Realty est aujourd’hui trop latin et pas assez germanique.

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Qu’est-ce que cela signifie exactement ?

Le Mipim est principalement dédié au networking alors qu’à Expo Real à Munich, il n’y a pratiquement que des réunions. L’idée est de trouver un juste milieu entre ces deux approches. Les participants souhaitent principalement venir à Realty pour travailler et, ensuite, pour avoir un espace de networking. C’est ce qui est ressorti des différentes consultations que nous avons eues avec les principaux acteurs du secteur. Il faut aussi davantage travailler sur le contenu. C’est-à-dire présenter les nouvelles tendances et inspirer les participants. Au final, nous aurons sûrement moins de monde mais la qualité va grimper de quelques crans. Et si nous perdons un peu d’argent la première année, ce ne sera pas important. Il s’agit d’un investissement sur l’avenir. Je suis convaincu qu’en se repositionnant sur le coeur de l’immobilier, ce sera une réussite à long terme. Les promoteurs en ont marre de se faire démarcher par des fournisseurs.

C’est en quelque sorte l’opération de la dernière chance ?

Non. C’est un repositionnement. L’avenir n’est plus aux salons classiques. Cette partie représente aujourd’hui 50 % de nos revenus. Dans le futur modèle, ce ne sera plus que 25 %. Le droit d’entrée des visiteurs va par contre augmenter. Nos prix sont aujourd’hui bien trop démocratiques. L’entrée est fixée à 200 euros à Realty alors qu’elle est affichée à 1.800 euros à Expo Real et 1.500 au Mipim. Il y a donc de la marge. A terme, les entrées doivent représenter 50 % de nos revenus.

Quelles sont les évolutions à attendre entre l’édition bruxelloise et l’édition knokkoise ?

Nous allons surtout augmenter le temps que les participants passent sur place. L’idée est qu’ils dorment là-bas. Il y a 850 lits à Knokke. Bruges n’est pas loin. Sans parler des résidences privées. Le repositionnement, on en a déjà parlé. Alors qu’en termes d’attractivité, il est bien plus aisé d’attirer un orateur dans la cité balnéaire qu’à Bruxelles, avec ses embouteillages. Nous voulons aussi attirer davantage d’investisseurs étrangers. Pour le reste, la date va changer. Realty passera de mai à septembre. En mai, nous étions trop proches du Mipim. Enfin, nous nous limiterons l’an prochain à 50 stands. Avec une liste d’attente. Le board décidera ensuite qui peut participer, pour avoir les acteurs les plus intéressants. A titre comparatif, il y aura 85 stands cette année.

Et sur quelle fréquentation tablez-vous à l’avenir ?

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On communique toujours sur un chiffre de 7.000 visiteurs. Ce qui représente 4.500 visiteurs uniques. A terme, on devrait se retrouver avec un noyau dur de 3.000 personnes.

Quelles sont les premières réactions du milieu ?

Les investisseurs et promoteurs réagissent de façon très positive. Je suis agréablement surpris. Ils sentent que le produit actuel n’est plus adapté à leurs besoins et que nous sommes en train de modifier notre approche. Ils veulent vraiment travailler et rencontrer des politiques.

Realty fait moins rêver ces dernières années. Artexis a-t-il songé à arrêter les frais ?

Le groupe pèse 175 millions de chiffre d’affaires. Realty rapporte toujours de l’argent. Il n’y a donc jamais été question de stopper cet événement. Par contre, depuis trois ans, il y a un statu quo en matière de visiteurs et de nombre d’exposants. Il est donc plus que temps de se relancer. Car le risque principal était de devenir un Batibouw bis. Dans cette optique, j’ai interdit cette année qu’il y ait des fournisseurs de matériaux. Nous sommes un événement immobilier et non un salon de la construction.

Tous les regards se portent déjà sur 2019. 2018 sera une année de transition ?

En quelque sorte. La commercialisation s’est bien déroulée mais a été plus compliquée que prévue. Les promoteurs ont eu certains doutes. Nous avons repositionné l’événement sur deux jours, avec la volonté d’attirer les participants toute la journée. D’où le souhait de placer les principales conférences en début de journée et de proposer, en soirée, une nocturne le mercredi et un dîner de gala le jeudi, avec notamment une conférence de l’architecte néerlandais Thomas Rau, le gourou de l’économie circulaire. Il sera, avec l’architecte Sou Fujimoto, le CEO d’Axa Thomas Burbel et le directeur technique de Bouygues Edward Woods, l’une des têtes d’affiche de Realty.

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